An Pierlé : Arches

Parmi la multitude, Il est des artistes qui nous touchent plus que d’autres. Des artistes qui ont un univers, ont quelque chose qui les rend singuliers, ont une façon de nous ouvrir vers quelque chose que l’on  aurait pas forcément considéré s’ils ne nous avaient pas pris par la main pour nous faire découvrir l’autre côté du miroir où l’on aime à se perdre de temps à autres une fois que l’on y a pris goût. An Pierlé fait bel et bien partie de ces artistes.

Tantôt provocante, tantôt envoûtante, son talent nous porte et nous emmène vers son monde et l’on se plonge de plus en plus loin dans cet univers à chaque écoute.

Après la gloire des Magritte pour sa bande originale du film Le Nouveau Testament de Jaco Van Dormael et sa participation au conte musical Slumberland, la voici de retour avec Arches, un album où l’on retrouve la chanteuse dans son élément avec ce mélange de pop auquel elle nous avait habitués en compagnie du groupe White Velvet et un instrument qu’elle semble affectionner particulièrement depuis qu’elle est compositrice officielle de la Ville de Gand et lors de ses récentes prestations : l’orgue.

Et c’est là que le talent artistique vient bouleverser nos à prioris et que le côté austère de cet instrument (qui peut rebuter pas mal de gens dans un premier temps) disparaît. C’est ainsi que l’orgue devient un élément essentiel et nécessaire à la réussite de ce disque.

On le ressent dès que l’on écoute Feel For The Child, un premier titre qui débute de façon assez solennelle et qui bouleverse tant cet orgue (joué par Karel de Wilde) donne une couleur particulière à ce morceau puis prend ensuite son envol et prend possession de l’espace sonore en se mariant à la perfection avec la tension apportée par la voix d’An Pierlé qui chante ici dans une tonalité plus haute qu’à l’accoutumée.

On remarque aussi que le son joue ici une place très importante dans la construction des morceaux et que Koen Gisen, le producteur et mari de la chanteuse, a choisi d’intégrer l’espace sonore de l’orgue en l’enregistrant dans l’église Saint-Jacques à Gand. Là aussi, ce disque d’An Pierlé se démarque des autres de par cette démarche tout en restant dans la veine des anciens albums avec une identité sonore très reconnaissable.

Ainsi, Certain Days nous ramène dans cet univers pop que l’on connut avec White Velvet et ce jeu de guitare de Koen Gisen en fond qui accompagne merveilleusement la chanteuse.

Vibra vient ensuite nous transporter dans un univers sonore énigmatique et là aussi l’ensemble est superbement construit avec cette rythmique qui s’installe progressivement et ce chant magnifique qui apporte quelque chose d’unique à ce morceau.

Notons par ailleurs que contrairement à ses précédents disques où on la retrouvait en solo avec son piano, la chanteuse a ici privilégié son chant qui est d’ailleurs un cran au-dessus des précédents albums et a d’ailleurs expérimenté de nouvelles choses avec Loesje Maieu et Kaat Hellings (qui jouent également des claviers sur différents morceaux). Outre cette tonalité assez haute par moments, on retrouve notamment des parties où leur chant devient langoureux et envoûtant. C’est ainsi le cas dans Vibra.

An1

On part ensuite dans quelque chose beaucoup plus inspiré des années 80.

Bird Love Wires est aussi un titre qui met en avant cet orgue magnifique et un chant qui ici, fait par moment ressentir l’influence de Kate Bush sur la chanteuse.

The Road Is Burning est un morceau d’autant plus marqué par les influences années 80 de la chanteuse avec cette boîte à rythme au son plat, ces synthés et cette profondeur du son réverbé. C’est une chanson qui explore aussi un peu le chaos avec ces couches sonores un peu déstabilisantes.

Retour à la douceur avec There Is No Time, une chanson au tempo paradoxalement lent qui demeure dans ces influences savoureuses des eighties. Un très beau titre qui, au-delà de cette douceur rassurante, nous plait aussi de par le fait qu’il nous rappelle beaucoup de grands nom de la belle époque.

Dragon JM, morceau prenant où les voix nous bouleversent et cet orgue joue de nouveau un rôle majeur à l’émotion qui nous étreint.

Changing Tides, un superbe titre qui clôt Arches, ce premier volet d’un diptyque (Arches/Cluster) atypique.

Arches est un album qui nous a énormément touchés de par cette sonorité particulière qui le rend unique dans la discographie d’An Pierlé. On le découvre sous un jour nouveau à chaque écoute car l’ensemble des morceaux est très riche et il y a fort à parier que l’impression qu’il nous laisse aujourd’hui évoluera encore fortement lorsque le second volet (Cluster) le complétera.

Une fois de plus, la chanteuse explore de nouveaux paysages et prend le risque de proposer quelque chose de particulier. Mais son talent fait que l’ensemble reste cohérent.

L’orgue occupe une juste place dans ce superbe travail et devient un élément essentiel à ce disque.

An Pierlé présentera ce nouveau disque lors d’un concert exceptionnel le 12 mai prochain à l’église des Dominicains de Bruxelles dans le cadre des Nuits du Botanique. (Cliquez ici pour plus d’infos.)

A propos Christophe Pauly 485 Articles
Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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