« Vert atlantique », ex’île et coup de tondeuse

Titre : Vert atlantique
Auteur : Marc Meganck
Editions : F. Deville
Date de parution : 24 août 2023
Genre : Roman

L’archipel des Açores s’étend au large du Portugal, au cœur de l’océan Atlantique. Poumon vert et mélancolique débordant d’hortensias, de baleines et de cascades, c’est là que décide de s’exiler Alex Larsen pour son dernier voyage en avion. C’est un choix sans en être un : nous sommes en 2035, le réchauffement climatique est devenu si infernal que voler n’est plus une possibilité, ou seulement pour une dernière fois. Il s’agit alors de bien réfléchir à la destination.

Marc Meganck établit d’emblée un dispositif écolo-apocalyptique qui sert d’excuse pour parler des Açores, où l’auteur est parti en vacances. Le fait de nous avertir que l’intrigue se déroule en 2035 ne change rien, vu qu’il ne fait pas sentir dans son récit futuriste un quelconque changement sociétal, excepté les feux de forêts qui s’amplifient et l’impossibilité de respirer dans les villes. Son 2035 est notre 2023.

Alex Larsen, son héros, rallie une équipe de jardiniers pour débroussailler et faire de Sao Miguel l’île aux fleurs qui respirent. Marc Meganck décrit alors de manière répétitive, comme pour nous faire éprouver par l’écriture le côté roboratif du métier, le travail sur la route EN1-AI, qui permet aux (derniers) touristes de parcourir tout le territoire insulaire : la tonte, l’huile de moteur, les hortensias, la chaleur, l’équipée virile et machiste, etc. Ce point de vue permet d’offrir une manière différente de « vivre » et de voir les Açores.

L’intrigue ne convainc cependant pas tout à fait. On l’a dit, son récit catastrophiste n’est qu’un artifice pour parler des Açores d’aujourd’hui, comme un bon récit de voyage introductif avant d’y aller passer 15 jours en vacances. En plus de cela, l’auteur s’est senti obligé de raconter l’ancienne vie à Bruxelles de son personnage principal. Comme dans du très mauvais Houellebecq, Alex est un homme lambda d’une cinquantaine d’années travaillant dans l’administration, autorisant ou non les projets immobiliers les plus fous au cœur de la capitale, qui crache et se lamente sur l’état actuel de la société. Ces passages sont lourds, et pas très passionnants à lire.

L’écriture de Marc Meganck est un peu pauvre et rempli d’effets dont on pourrait se passer (phrases minuscules à l’indicatif présent ou sans verbe, succession d’adjectifs synonymes). L’histoire d’Alex Larsen et de ses réflexion personnelles sur la paternité au cœur de l’Atlantique est intéressante mais aurait pu émouvoir davantage et questionner nos propres rapports au voyage, à l’exil et à la parentalité. Au final, Vert atlantique se révèle être un livre qui permet de s’imaginer aux Açores, l’espace de quelques pages, mettant en avant le travail invisible qui se cache et existe pour rendre la nature belle et accueillante aux touristes.