Supergirl (Saison 3), Deus Ex-Machina à tout va !

Supergirl
(Saison 3)
d’Andrew Kreisberg, Allison Adler et Greg Berlanti
Drame, Science-fiction, Action
Avec Melissa Benoist, Mehcad Brooks, Chyler Leigh
Sorti en DVD/Blu-Ray le 20 février 2019

Alors que Kara peine encore à trouver l’équilibre entre sa vie civile et son rôle de super-héroïne, elle devra affronter la pire menace de son existence : Reign, une kryptonienne aux capacités génétiquement augmentées et bien plus puissante que Supergirl !

La plus sympathique des héroïnes du DCTV Universe est de retour… pour le meilleur et pour le pire ! Car, comme nous vous l’expliquions il y a quelques mois, arrivée à la seconde saison de ses aventures Supergirl a vu un commentaire politico-social particulièrement mal amené alourdir ses intrigues. Si, sur le principe, les idées défendues avaient de quoi convaincre, les choses furent différentes en ce qui concerne la forme. Cet écueil est malheureusement de retour dans cette nouvelle saison…

La première bête noire de la série est le président Trump sur lequel la production aime taper le plus fréquemment possible. Si la saison 2 avait repris le slogan « Make America Great Again » pour le réadapter à sa sauce et l’attribuer à des extra-terrestres désireux d’assujettir les humains, une attaque acerbe prendra place neuf minutes seulement après le commencement de cette nouvelle saison, lorsque Cat Grant devenue porte-parole de la Maison Blanche répondra à un journaliste lui demandant si la présidente croyait au réchauffement climatique : « Oui ! Oui Carl, en effet elle y croit. Elle pense également que deux et deux font quatre et que la terre est ronde parce que la présidente n’est pas une imbécile. Tout enfant en bas âge sait que le réchauffement climatique est la plus grosse menace de notre époque et je suis heureuse de déclarer que les capacités intellectuelles de notre présidente ne sont pas inférieures à celle d’un enfant de huit ans ». Référence non-dissimulée au scepticisme borné de l’actuel président américain concernant le réchauffement climatique…

Deux nouvelles thématiques feront également leur apparition dans cette troisième saison : le racisme et la vente des armes aux États-Unis ! Mais comme le veut la tradition, le tout sera amené dans une avalanche de Deus Ex-Machina qui alourdiront le propos et enlèveront toute leur force à ces sujets : comme dans la saison précédente où l’homosexualité d’Alex Danvers avait été soudainement révélée sans qu’aucun épisode ne se soit auparavant intéressé de quelque manière que ce soit à son orientation sexuelle, cette saison 3 fera de Jimmy Olsen la victime de violences policières sans raison apparente…

En effet, les deux premières saisons avaient fait de ce personnage un homme beau, fort, entreprenant et confiant. Mais le dix-neuvième épisode de cette saison 3 viendra briser toute cette construction en plaçant le protagoniste au milieu d’une intrigue en opposition avec le personnage que nous connaissons. Ainsi, alors qu’il sauvera une petite fille sous le masque de Guardian, il sera tenu en joue par des policiers à cause de sa couleur de peau. On découvrira alors qu’il se serait fait agresser par les forces de l’Ordre lorsqu’il avait sept ans et argumentera du fait que : « Le racisme est la plus ancienne des formes de victimisation ! En devenant Guardian, c’est la première fois que j’ai été jugé sur mes actions et non sur mon apparence ».

Une fois encore, si le fait d’aborder un tel sujet est intéressant, cela montre surtout que les scénaristes sont en roue libre et ne se soucient pas de construire des personnages cohérents : ceux-ci sont des prétextes ! Ainsi, Jimmy Olsen aura évolué durant soixante-cinq épisode – et surtout, trente-six épisodes dans la peau de Guardian – comme un personnage fort et déterminé avant de soudainement devenir une victime pour les besoins du message social.

Dans le même ordre d’idée, Lena Luthor qui elle aussi sera montrée dès son apparition dans la série comme une femme forte et honnête – à l’opposé de son frère Lex – défendra soudainement les armes à feu pour les besoins de l’intrigue. Ainsi, le vingt-et-unième épisode mettra en scène un homme utilisant une arme excessivement dangereuse pour se venger de ses anciens employeurs, croyant que cela lui apportera le respect et argumentant que : « C’est le seul moyen de me faire entendre ». Afin de créer une polarisation, Jimmy se fera défenseur de la non-violence tandis que Lena insistera dur comme fer sur le fait que posséder une arme est son droit le plus fondamental. Ainsi, Lena Luthor sera apparue jusqu’ici comme une femme forte, capable de régler les choses grâce à son intelligence supérieure, avant que cela ne soit laissé de côté pour qu’elle devienne une pro-armes retranchée derrière le second amendement sans plus de sens critique.

Pour revenir à des thématiques plus anciennes, cette saison 3 de Supergirl reviendra encore sur l’homosexualité d’Alex Danvers. Si celle-ci avait également été dévoilée dans la saison précédente sans plus de construction, le sujet sera ici abordé par le biais du père de sa petite amie, mexicain homophobe et craintif à l’idée que l’orientation sexuelle de sa fille ne freine son ascension sociale. Si, une fois de plus, l’idée d’aborder un tel sujet est intéressante, la façon de faire est tirée du chapeau d’un magicien et exposée grossièrement.

En fait, le problème de Supergirl n’est pas tant les thématiques que choisit d’aborder la série depuis la saison précédente, mais plutôt la façon qu’elle a d’exposer celles-ci. La chose est faite sans la moindre subtilité et sans même tenir compte de la mythologie mise en place depuis 2015. Dès lors, ces arguments apparaissent presque comme des arguments commerciaux, des thématiques universelles qui en appellent au pathos du spectateur par paresse scénaristique. Néanmoins, outre cette façon de faire particulièrement maladroite, la série a le mérite de chercher à conscientiser le spectateur concernant diverses thématiques actuelles.

Abstraction faite de cela, nous prendrons toujours autant de plaisir à retrouver ces personnages, Supergirl en tête de liste. La série est légère, divertissante et l’actrice Melissa Benoist semble toujours prendre autant de plaisir dans son rôle. On notera également certaines améliorations dans cette troisième saison, notamment au niveau des ambiances musicales.

Supergirl est donc une série qui, outre de gros défauts, reste légère et divertissante. Et heureusement, les scénaristes semblent avoir compris qu’il serait judicieux de laisser de côté le message politico-social pour se concentrer sur le rôle premier de la série : la saison 4, diffusée depuis octobre 2018 s’est donc entièrement recentrée sur elle-même pour en revenir à ses bases, laissant espérer un retour à ce qui faisait le charme de la première saison !