Nocturama, Paris n’est plus une fête

nocturama poster

Nocturama
de Bertrand Bonello
Drame, Thriller
Avec Finnegan Oldfield, Vincent Rottiers, Hamza Meziani
Sorti le 7 septembre 2016

Encore un film qui ne mettra pas tout le monde d’accord, Bertrand Bonnello et son Nocturama sortent dans les salles belges. Non sélectionné, contre toute attente, au Festival de Cannes, les rares commentaires sur le sujet laissent entrevoir une certaine appréhension, voire une peur de la chronique. Sujet sensible ? Bonnello se doit de le saisir !

Enigmatique qui se révélera finalement être presque antéchronologique, Nocturama oscille entre minutie fantastique et insouciance réaliste, alors ou tandis que l’affiche présage l’épopée de sept héros en usant et abusant des codes visuels d’images que nous avons tous en tête : lumière rase de feux et ligne de super héros sur fond de ville calme et endormie. Seule noirceur sur le tableau, nos héros sont de dos.

Résultant d’une volonté de « travailler sur le comment et non sur le pourquoi », Nocturama est un film d’action : un dialogue du geste s’installe, les corps s’enlacent, se croisent, ponctuent et rythment une croisade effrénée jusqu’à la tragédie. A travers le récit de ces sept jeunes adultes issus de divers horizons, parcours et préoccupations, mais animés d’une rage entretenue et partagée, Bertrand Bonnello s’attaque au mal réel de ce siècle. « Il fallait bien que ça arrive » affirme une passante, « je ne sais pas » lui répond un des terroristes ; c’est là que se situe la balance de notre tragédie.

Effrayant et orienté par le contexte politique actuel, Nocturama arrive pourtant en salles avec, en amont, six années de préparation et un sujet qui va au-delà du terrorisme.

Pas d’accord ou de désaccord à avoir pour le parti pris politique du récit, Nocturama est une fiction. Nocturama est un film, qui dresse le portrait d’une rage commune, palpable, relative à la nécessité de changement. « Plus rien ne sera jamais comme avant », le reste n’est que courage et désarroi. Et que brûlent nos symboles, puisqu’ils ne sont que le reflet de notre liberté perdue.

A propos Audrey Lenchantin 56 Articles
Journaliste du Suricate Magazine