Samurai Rauni, un chanbara finlandais

Samurai Rauni

de Mika Rättö

Action, comédie

Avec Mika Rättö, Minna Norrgård, Reetta Turtiainen, Harri Sippola, Jori Kemppi

Sorti le 21 septembre 2018

Katana en bandoulière, casquette de Popeye, barbe rousse touffue et dentition douteuse, c’est le portrait peu reluisant de Samurai Rauni Reposaarelainen, lequel terrorise les alentours des marais finlandais qu’il arpente avec son imposante silhouette. Lorsqu’il se rend compte que ses nombreux ennemis ont fomenté un complot contre lui et posé un contrat sur sa tête, il se lance dans une quête déterminée et sanglante de vengeance.

C’est donc bien une transposition en Finlande du film de samouraïs qu’opère ce Samurai Rauni, emmené par son acteur-réalisateur Mika Rättö, amoureux manifeste du genre. Ce qui frappe en premier lieu dans cet essai transformé, c’est la manière dont Rättö se sert des codes de ce genre (le Chanbara) pour les adapter à des décors et des personnages qui sont aussi et avant tout finlandais. Car il ne s’agit pas non plus d’un pastiche qui ferait passer des paysages du crus pour japonais. C’est bel et bien dans un contexte finlandais que ce développe le récit, ce qui rend le film d’autant plus frappant, d’autant plus singulier.

Cette singularité vient aussi et surtout de l’aspect parfois expérimental et artisanal du film, lequel transparaît lors de quelques séquences en particulier, dont une scène de « baston » au ralenti, chorégraphiée comme un ballet et gardée telle quelle – sans accélération – au montage. La rugosité du personnage principal et son comportement ogresque – surjoué de manière très expressionniste par Rättö – donne également au film une démesure et un ton qui le rendent peut-être difficile d’accès à un public qui n’y serait pas préparé. Mais Samurai Rauni est vraiment à appréhender comme une expérience de spectateur, une curiosité qui s’apprécie comme une gourmandise, sur le moment.

(Le film est programmé par le Cinéma Nova à Bruxelles, où il sera accompagné par plusieurs films développant le thème du Samuraï Gaijin – comprenez samuraï non-japonais –, dont Le Cavalier et le Samuraï de Luigi Vanzi, The Challenge de John Frankenheimer, ou encore le nanar jubilatoire Samurai Cop d’Amir Shervan).