The Gentlemen, retour au bercail pour Guy Ritchie

The Gentlemen
de Guy Ritchie
Action, comédie
Avec Matthew McConaughey, Charlie Hunnam, Michelle Dockery, Colin Farrell, Hugh Grant
Sorti le 26 février 2020

Vendu comme le grand retour de Guy Ritchie au film de gangsters anglais, The Gentlemen réunit effectivement un casting alléchant (Matthew McConaughey, Charlie Hunnam, Hugh Grant, Colin Farrell, entre autres) autour d’une intrigue dans la droite lignée du genre, alambiquée comme il se doit par les bons soins du Dr. Ritchie, lequel semble avoir retrouvé un « mojo » d’efficacité primaire à l’œuvre dans ses tous premiers films (Arnaques, crimes et botanique et Snatch, principalement). Les jeux de piste scénaristiques et les « punchlines » à tout-va se rassemblent donc autour de quelques personnages charismatiques et/ou truculents ayant tous des liens plus ou moins forts avec le milieu de la pègre londonienne, alors que l’un d’entre eux, l’américain Mickey Pearson, à la tête d’un véritable empire de la drogue, tente peu à peu de s’en extirper.

Si ce cinéma de l’esbrouffe narrative et de la mainmise du montage sur la mise en scène se caractérise toujours par sa superficialité et son absence de profondeur, The Gentlemen semble malgré tout s’en différencier quelque peu, Guy Ritchie y amenant une dimension jusqu’à présent plus discrète dans ses films, à savoir un véritable discours méta sur son écriture et la construction de ses récits. C’est à travers le personnage joué par Hugh Grant, sorte de narrateur indirectement impliqué dans l’histoire qu’il raconte, et au détour de quelques tirades toujours bien senties, que Ritchie théorise le pouvoir ludique de ce type de structure narrative en puzzle.

Au-delà de cet aspect réflexif, le film supporte également une autre grille de lecture, celle de l’allégorie autobiographique, le réalisateur ne manquant pas de s’identifier de manière cryptée au personnage de Mickey Pearson, aux prises avec d’infâmes margoulins voulant s’emparer de son empire et de son savoir-faire, comme de méchants producteurs avides se sont emparé quelques temps du « talent » de Ritchie pour le mettre au service de douteuses superproductions « sans âmes » (Le Roi Arthur, Aladdin…). Si ce film-ci est ostensiblement plus personnel et – un peu – plus passionnant que ses récentes incartades mercantiles, il n’en est pas moins traversé de quelques saillies machistes et autres clichés raciaux qui lui enlèvent in fine une bonne partie de son capital sympathie.