Possession de Paul Tremblay

auteur : Paul Tremblay
édition : Sonatine
sortie : mars 2018
genre : horreur

Merry, 8 ans, tente tant bien que mal de vivre un quotidien normal entre une mère alcoolique et un père au chômage. Lorsque sa grande sœur Marjorie est victime d’une étrange possession, la famille, croulant sous les dettes, accepte de conclure un marché avec une chaîne de télévision. En échange d’une forte somme, une émission de télé-réalité sera tournée dans la maison et présentera au monde entier l’exorcisme de Marjorie. Quinze ans plus tard, Merry revit cette histoire sous la plume de Rachel, auteur en quête d’un nouveau best-seller.

Dans la lignée de Rosemary Baby et l’Exorciste, Paul Tremblay auteur à succès, propose une énième histoire de possession. Mais là où les deux premières œuvres ont acquis un statut iconique, le livre de Tremblay ne marquera probablement pas les annales du genre. Malgré la critique dithyrambique de Stephen King sur la couverture, Possession n’a rien de bien effrayant. Agrémenté de nombreuses références à la culture pop, il s’apparente plus à un hommage assumé et sympathique qu’à un récit d’épouvante. La lecture reste plaisante mais pas inoubliable.

Dans un style parfois laborieux, l’intrigue vaut surtout pour le regard qu’elle porte sur notre société contemporaine. A l’ère Trump, Paul Tremblay rafraîchit la tradition critique associée au genre horrifique et dézingue allégrement la société américaine puritaine. La télé-réalité n’est, elle non plus, pas épargnée. La violence à laquelle est confrontée Merry est celle d’un monde qui propulse les victimes au rang de stars.

Oscillant entre flash-back et extrait de blog, la construction narrative n’est pas sans rappeler le Carrie de King. L’hommage au maître de l’horreur est une fois de plus assez évident. Si la fin est plutôt décevante, la narration présente quelques audaces scénaristiques et surprend par moment le lecteur.

Sans être le nouveau hit horrifique annoncé sur la quatrième de couverture, Possession reste intéressant et se lit très facilement. Esprit, esprit… Sors de ce corps!

A propos Elise Voillot 51 Articles
Journaliste du Suricate Magazine