Empty Room et Green Reset : double création de la Cie Opinion Public au Théâtre Marni jusqu’au 17 mai.
Clap de fin pour la Compagnie Opinion Public dont les quatre danseurs fondateurs, Étienne Béchard, Sidonie Fossé, Victor Launay et Johann Clapson, ont décidé de mettre un terme à leurs créations communes. La compagnie de danse bruxelloise poursuivra néanmoins ses activités sous la direction artistique de la chorégraphe et danseuse Sidonie Fossé.
En guise de révérence, ils présentent actuellement deux duos où la danse est, une nouvelle fois, magnifiquement sublimée. En ouverture, Empty Room chorégraphié par Sidonie Fossé et interprété par Larissa Dorella et Tars Vandebeek. Ensuite, Green Reset, une création du collectif avec Sidonie Fossé et Victor Launay.
Empty Room
Le plateau est totalement nu à l’exception d’un lit à deux places. Bruit d’orage, lumière stroboscopique, on devine deux corps dans le lit. Au pied de celui-ci, un homme et une femme dans un justaucorps rouge, comme deux corps écorchés. Le calme revient.
Dans le lit, l’homme allume la lampe de chevet. La femme se lève, enfile un peignoir et s’en va. L’homme la rattrape, la recouche dans les draps. Ils jouent au chat et à la souris. Il la retient, elle se laisse tomber, il la relève, la manipule comme un pantin. Parfois, elle se défend, le plaque au sol, le maintient. Puis, il s’en va.
Seule, dans un faisceau de lumière, elle roule au sol, se tortille, se redresse, retourne au sol, se remet sur pied. Avec énergie et vigueur, elle semble tenter de se libérer d’une contrainte, d’échapper à l’attraction terrestre. Le noir se fait.
Les deux corps rouges occupent le lit, l’homme semble étrangler la femme. Dans un halo de lumière, trône l’autre homme, pas trop dans son assiette. A l’envers dans son peignoir, il titube, vacille, semble difficilement maîtriser son corps. Il se dirige vers le lit, soulève le corps inerte de la femme rouge et la glisse sous le lit.
L’autre femme sort du côté opposé du lit. Ensemble, ils jouent tendrement, s’habillent l’un l’autre. Ils prennent chacun un livre et lisent au son d’une musique de Mozart. Ils se laissent glisser du lit et dansent, sans lâcher leur livre, ni des mains, ni des yeux, dans une chorégraphie très fluide et esthétique.
Green Reset
Un grand tapis rouge recouvre le plateau. La lumière donne à voir le corps inerte d’une femme sur un tas de ce qui semble être des graines ou des copeaux de liège. Un homme surgit dans les fumigènes et s’approche d’elle. Il l’examine, soulève sa tête, la prend dans ses bras et l’emporte. Elle se tient plus ou moins debout, il la retient, la manipule avec douceur, mais elle n’est pas sa chose.
Ils se tiennent, se retiennent, se portent, se supportent. Elle semble reprendre conscience. Dans une musique aux accents métalliques, ponctuée de bruits de jungle et de voix, ils dansent avec légèreté, enchaînant les portés, se roulant dans les copeaux de liège à chaque occasion. Et lorsqu’elle gît au sol, épuisée, il la rejoint les mains pleines de graines qu’il répand sur son corps. Soudain, il en pleut et les deux font mine d’y prendre une douche, ensemble.
Initialement conçu avec force décor, Green Reset s’est recentré sur les fondamentaux d’une danse, très esthétique et très visuelle, pour évoquer une écologie trop mal gérée, malmenée. Au final, les deux duos se distinguent par la maîtrise technique sans faille des interprètes et les accents délicieux de la formation classique des fondateurs de la compagnie (qui sont passé par le Béjart Ballet Lausanne) dont on perçoit toujours les réminiscences.