Nightmare Island, du rêve au cauchemar

Nightmare Island
de Jeff Wadlow
Horreur, thriller
Avec Michael Peña, Maggie Q, Lucy Hale, Austin Stowell, Portia Doubleday
Sorti le 19 février 2020

Curieux projet que cette adaptation horrifique de la série culte de années 70-80, L’Île fantastique, par la maison de production Blumhouse, spécialisée dans le genre et l’épouvante. Il échoue donc à Jeff Wadlow, lequel avait déjà pondu un film-concept légèrement boursouflé avec Action ou Vérité, dans lequel le célèbre jeu devenait le prétexte à un film d’horreur à la fois lisse et inutilement compliqué.

Nightmare Island reprend le point de départ de la plupart des épisodes de la série, à savoir l’invitation par l’énigmatique Mr. Roarke, propriétaire d’un luxueux complexe hôtelier sur une « île mystérieuse », d’un petit groupe de personnes a priori étrangères les unes aux autres, lesquelles seront amenées à réaliser un rêve, vivre ou revivre un évènement qui leur est cher. Bien évidemment, les souhaits des uns et des autres revêtent ici pour certains une caractéristique qui se prête d’elle-même à la dérive vers le thriller ou le fantastique, tandis que d’autres se voient petit à petit envahis également par l’étrangeté.

La bonne idée du film est d’avoir profité de ce point de départ bizarroïde pour donner à chaque fantasme, à chaque souhait des différents invités, une dimension très spécifique le raccrochant à un genre cinématographique bien défini. Ainsi, l’on assiste parallèlement et alternativement à une comédie potache, à une romance, à un film de guerre et à un torture-porn/survival. Cette cohabitation de quatre genres typés, le tout dans un film qui s’achemine tout de même irrémédiablement vers l’horreur – formatée –, donne à la partie centrale du film une dimension presque méta ou, tout du moins, pouvant se prêter aisément à cette grille de lecture.

Malheureusement, l’esthétique globale du film, sa réalisation et le jeu de ses comédiens participent d’une aseptisation générale qui lui enlève toute possibilité de profondeur ou même d’implication du spectateur dans un scénario qui devrait pourtant favoriser l’aspect ludique. La dernière partie, abracadabrante et interminable, ne fait qu’enfoncer le clou et vider le film de tout intérêt et de tout mystère.