« Mars Express », lancement de la mission Anima

Mars Express
de Jérémie Périn
Animation
Présenté dans le cadre du festival Anima 2024

Anima, c’est reparti. La preuve, Flagey s’est drapé de dessins d’aliens aux hanches étroites et aux abdominaux stéroïdés, imaginés tout spécialement par le bédéiste et animateur Cyril Pedrosa, pour l’occasion. Cette année, la SF est mise à l’honneur, dans tous ses aspects. Alors commencer le festival par Mars Express, un polar cyberpunk qui fait communier des influences occidentales et asiatiques, de tous genres, c’est annoncer l’éclectisme d’un festival haut en couleur.

Le XXIIIe siècle, c’est bien sûr, et depuis longtemps déjà, l’usage intempestif d’intelligences artificielles dans tous les domaines, du domestique au professionnel. Mais c’est aussi l’expatriation d’une partie de la population sur Mars, avec pour capitale la ville de Noctis, comme le nom donné au réseau labyrinthique de canyons qu’abrite la planète et filmé au XXIème siècle par la sonde – petit clin d’œil – appelée Mars Express. Quand une étudiante humaine disparaît sur le campus de Turing, c’est à un duo hybride de policiers que revient la tâche d’enquêter. Une détective cynique et alcoolique – puisque c’est la seule redéfinition des clichés de genre qu’on peut apparemment espérer pour le futur – et son androïde d’acolyte s’aperçoivent très vite que la tâche sera sûrement plus complexe qu’elle n’y paraît. L’évaporation dans la nature de la jeune fille, accompagnée du meurtre de sa colocataire, semble être la conséquence de la déplombation d’un robot, c’est-à-dire sa remise en liberté. Il se pourrait bien que l’événement tragique ne soit que la partie émergée de l’iceberg, le lancement d’un projet autrement plus destructeur.

D’aucuns ne pourraient reprocher à l’équipe d’être passée à côté de son sujet. Et, en même temps, c’est à des passionnés que nous avons affaire. Le réalisateur Jérémie Perin s’est entouré de la même équipe avec laquelle il avait lancé Lastman, adaptation de la série de bande dessinée éponyme, qui lui avait permis de se faire connaître du grand public. Et dans ce premier long-métrage encore, on retrouve des influences asiatiques dans le traitement graphique et un amour pour les centres urbains glauques et nocturnes, avec ses trafics et ses prestations sexuelles tarifées. Mais surtout, on lui retrouve sa capacité à imaginer un univers cohérent, fictif mais avec une solide base réelle. Avec force de détails, il nous propose un monde qui nous paraît tristement plausible. C’est comme regarder, avec dépit, un documentaire sur le futur de l’humanité. Il prédit ce qui nous paraît évident, voire même déjà effectif mais en moins extrême, comme les mises à jour qui gèlent les interactions et nous confrontent toujours, nous humains, à notre propre dépendance aux technologies. Mais pas que. Il organise aussi, par exemple, un système de classe adaptable aux robots. Mars Express c’est – entre autres, car on pourrait lui trouver mille influences – la rencontre entre Cronenberg, Black Mirror et Akira. Un film jouissif qui, s’il est à l’image du festival, annonce une expérience animée de grande qualité.

Séances :

Vendredi 23 février – 20h 
Lundi 26 février – 15h 
Mercredi 28 février – 21h30