M-Ondes : quand le son mène la danse

© Sara Sampelayo

De Marielle Morales, Cie Mala Hierba. Avec Estelle Delcambre et Léa Vinette, Sarah Klenes. Du 28 mars au 1er avril 2023 aux Brigittines.

La salle est plongée dans le noir et le silence. On distingue des bruits de frottement, épars, légers, furtifs. Il semble qu’une matière est manipulée mais ce pourrait aussi être le bruit d’une vague qui vient mourir sur le sable. Le bruit devient plus distinct, il s’amplifie, prend de la force, comme celui d’un coup de vent qui secoue une toile. Les bruits, ils sont manifestement plusieurs et se déplacent, prennent du rythme.

Un bref éclair de lumière confirme qu’il y a de l’agitation sur le plateau sans permettre d’en connaître la nature. Un autre éclair, à peine moins bref, donne juste une couleur. C’est le blanc qui domine. Une faible lumière rasante révèle le plateau dominé par trois grandes créatures faites d’un amalgame de bandes de mousse en polyéthylène.

Un ronronnement retentit, un corps émerge, s’extrait de la matière blanche, se contorsionne avant d’y replonger. Un second corps surgit à son tour et est happé par un tas de matière. Puis le troisième se montre également. Les trois femmes sorties des bandes de mousse se déplacent à quatre pattes comme des nouveau-nés qui apprennent à se déplacer.

Un battement régulier se fait entendre. Il impose le tempo aux trois silhouettes féminines secouées de soubresauts, de mouvements compulsifs dictés par les ondes sonores. L’intensité et le rythme des battements varient, les mouvements suivent, crescendo, prenant de l’ampleur, étant plus affirmés. Seulement synchronisées par le rythme d’abord, les interprètes se connectent entre elles et partagent la même gestuelle avant de se disperser et retrouver chacune sa liberté et son autonomie.

Depuis 2018, la danseuse et chorégraphe Marielle Morales travaille sur « Le corps sonore » où la danse et le corps sont abordés en réaction aux sons, dont celui de la voix. L’intensité, le rythme et la fréquence du son sont le point de départ de l’élaboration d’un langage chorégraphique particulier que l’on retrouvait déjà dans la création En Effet ! (2019).

Dans M-Ondes (sous-titré Une vaine vanité des frontières), les trois danseuses, qui sont également musiciennes et/ou chanteuses, se découvrent peu à peu, connectées par un paysage sonore qui influe sur leur comportement et leur état. La grâce et l’élégance de leurs mouvements composent un véritable tableau vivant qui souligne la capacité du son à faire le lien pour donner force et puissance à la création collective.