« Le Central », étude subjective d’un commissariat

Titre : Le Central
Auteur : Mikael Corre
Éditions : Bayard
Date de parution : 5 avril 2023
Genre : journalisme narratif

Durant un an, le journaliste français Mikael Corre affilié au quotidien La Croix, s’est immergé au sein du commissariat central de Roubaix pour suivre le travail des policiers au jour le jour. Le Central est une extension de son article intitulé Au commissariat paru dans La Croix l’Hebdo et qui avait déjà fait grand bruit.  

Le travail de Mikael Corre se voulait méthodique et analytique. Son but était de mieux comprendre comment fonctionne la police et d’interroger son rôle dans la société. On se rend malheureusement vite compte que ce livre ne nous apprendra pas grand-chose. L’auteur énonce des évidences, tire des conclusions auxquelles tout citoyen un peu sensé aurait pu arriver sans l’aide de son enquête.

Un aspect positif du livre est qu’il montre la complexité du travail des policiers et ne fait pas de généralités. Mikael Corre essaie de comprendre ce dont il est témoin, mais il passe par de nombreux raccourcis hâtifs et maladroits. Il laisse planer des jugements, donne à lire des phrases incomplètes qui laissent sous-entendre tout et son contraire. L’auteur rend compte correctement des tâches réalisées par les forces de l’ordre. Néanmoins, on pourrait lui reprocher un certain voyeurisme malsain : a-t-on réellement besoin de tous les détails d’une autopsie ou de violences sexuelles sur mineurs pour comprendre le travail de la police ? Le réalisme peut être légitime, mais dans le cas présent, la façon de décrire les choses ne grandit pas l’ouvrage.

Enfin, après quelques pages, on a l’impression que le journaliste regarde les populations du Nord avec condescendance. Il semble découvrir la délinquance juvénile comme un fait-divers légendaire réservé à certaines villes. En décrivant les inculpés de Roubaix, l’auteur s’attarde sur leur mode de vie, leurs habits, leur façon de parler. Une certaine naïveté pédante déborde de ses lignes. En bref, la démarche de Mikael Corre peut incommoder le lecteur, d’autant plus qu’il s’agit d’un sujet très délicat.