« L’Ultime festin », un projet appétissant qui laisse sur sa faim

Titre : L’Ultime festin
Auteur : Gert Nygårdshaug
Editions : Gaïa
Date de parution : 1er octobre 2021
Genre : Roman

Tremor Harding, 49 ans, expert en laser et partisan de l’épicurisme, estime avoir fait le tour de ce que la vie peut lui apporter. Il prend alors la décision de mener une ultime expérience : consommer sa propre chair, morceau par morceau, cuisinée avec raffinement au sein d’une série de repas savamment orchestrée. Pour ce faire, il érige un énorme bunker au milieu de la petite ville de Lagendonk, prétend partir en voyage, rassemble des provisions et se barricade pour mener son projet en paix.

Rapidement cependant, des individus étranges viennent rôder dans la ville, un professeur obstiné s’intéresse d’un peu trop près au bunker, et Tremor développe une obsession inattendue pour la veuve qui tient le café d’en face. Pendant ce temps, aux quatre coins du globe, l’inscription Lagendonk surgit dans des circonstances mystérieuses devant plusieurs personnes qui ne semblent avoir aucun lien avec les événements…

Si l’idée initiale paraît alléchante et intrigante, son développement est beaucoup moins réussi. On baille déjà un peu durant les préparatifs du fameux projet qui s’étirent sur plusieurs dizaine de pages, avant d’être happés par les scènes d’amputation et de cuisine, interrompues de manière peu amène par l’irruption d’autres personnages, quelque part, faisant quelque chose.

On se dit qu’on comprendra la connexion entre tous ces hommes à un moment donné, et puis on termine le livre en se demandant ce qui justifie leur présence dans l’histoire. On peut d’ailleurs retirer les chapitres les concernant sans que cela n’influe ni la trame principale, ni le dénouement. Idem pour les hommes étranges, au physique hors du commun et longuement détaillé, dont on ne saura jamais vraiment d’où ils sortaient ou quelle était le sens de leur apparition subite dans les parages.

Mis à part la curiosité de voir si le protagoniste va réussir sans encombres à s’autoconsommer jusqu’au bout (jusqu’à quel bout ?) et comment, il n’y a pas grand-chose qui nous pousse à persévérer dans une lecture qui se révèle à de nombreuses reprises laborieuse.

Le personnage principal reste avant tout prétentieux, imbu de lui-même et détaché des préoccupations du commun des pauvres mortels, ce qui ne le rend ni très sympathique, ni très intéressant.

Longueurs un tantinet ampoulées, personnages inexplicablement mystérieux et mystères mystérieusement inexpliqués auront malheureusement tôt fait d’assommer les plus persévérants.

Seuls moments forts perdus dans une mer de pseudo-considérations métaphysiques et de sous-intrigues stériles, les descriptions de préparation culinaire de membres humains valent le détour et inspireront sans aucun doute les amateurs et amatrices de fine gastronomie.