« Les Chemins du pouvoir », la fin des aventures de Daniel Pitt

Titre : Les Chemins du pouvoir
Autrice : Anne Perry
Editions : 10/18
Date de parution : 6 juillet 2023
Genre : Policier

Après « Un innocent à l’Old Bailey », « Le Manoir d’Alderney », « Le Brasier de Toley Street », « Le Prix de l’orgueil » et « La Marque de l’injustice », le sixième tome de la saga d’Anne Perry « Les Chemins du pouvoir » est paru aux éditions 10/18 dans une réédition prometteuse. Ce dernier volume marque la fin des aventures de Daniel Pitt qui sera, cette fois-ci, confronté à une affaire de fraude qui pourrait devenir le plus grand défi de sa carrière.

De quoi ça parle ?

Daniel Pitt est un jeune avocat très prometteur engagé dans le cabinet Fford Croft & Gibson à Londres. Fils de Thomas Pitt et de Charlotte Ellison (voir critique « L’étrangleur de Cater Street » ), il suivra de près les traces de ses illustres parents en résolvant de nombreuses affaires criminelles. A travers l’ensemble des six ouvrages qui lui sont consacrés, nous suivons son apprentissage et son ascension.

Dès le début de ce dernier opus, nous retrouvons le duo Miriam Fford Croft et Daniel Pitt, tout récemment mariés et installés dans leur nouvelle demeure. Ils reçoivent la visite de Marcus Fford Croft, père de Miriam et patron du cabinet dans lequel professe Daniel. Ce dernier leur annonce sa décision de prendre sa retraite et la reprise du cabinet par Gideon Hunter, un avocat réputé flamboyant et original.

C’est au cœur de ce bouleversement que Daniel Pitt devra faire face au procès de Malcom Vayne, homme d’affaires influent et magnat de la presse, jugé pour une affaire de fraude à grand échelle. Un scandale si vaste qu’il pourrait peut-être même atteindre les plus hautes sphères du pouvoir. La question qui se posera alors est le risque que l’on encourt à s’attaquer aux puissants. Est-ce que la justice a un prix ? Faut-il se préparer à tout perdre pour que la vérité triomphe ?

« Les Chemins de pouvoir » nous apporte un renouveau et quelques changements bienvenus. Il est vrai que nous avions senti un essoufflement dans le tome précédent « La Marque de l’injustice » mais ce sixième opus nous surprend par sa dynamique narrative qui opte pour un changement régulier de narrateurs. Un parti pris qui offre la possibilité d’explorer l’intrigue au travers des différents protagonistes, ce qui enrichit fortement l’expérience lecteur.

Le point fort de la lecture

Pour les adeptes des enquêtes policières historiques, Anne Perry n’est plus à présenter. Autrice à succès, elle a publié près d’une centaine d’ouvrages. C’est un plaisir de se plonger dans cet univers maitrisé, riche d’une écriture forte et qui n’est pas avare de rupture de style, de mise en abîme et de récits historiques. Les descriptions des personnages sont rédigées à la perfection et l’intrigue nourrie en continue. Un style dit polar victorien, qui possède ses codes mais aussi sa pudeur et son élégance. Nous vous conseillons d’adapter vos attentes de lecteur en fonction de ce critère.

La saga Daniel Pitt se lit facilement et ravit par la richesse du verbe et l’élégance narrative. Petit plus pour les amateurs de procès judiciaire, l’auteur nous démontre ici sa grande maîtrise des réquisitoires et de la conduite d’interrogatoires de témoins. Nous gratifiant au passage de quelques rebondissements inattendus.

Les romans d’Anne Perry sont dénués de sensationnalisme ou de détails sanguinaires, on pourrait presque les comparer à des enquêtes policières à la « Agatha Christie » ou « Arthur Conan Doyle ».  On se plait à lire ces portraits prenant racines dans une époque révolue, nous immergeant dans les problématiques du début du XXème siècle. Un monde où les conditions des plus défavorisés étaient rudes et où les femmes et les enfants n’avaient que peu de droits.

A travers les défis et les tournants majeurs que connaitra ce siècle, Anne Perry excelle dans l’art de la construction de personnages qui symboliseront les futures valeurs à incarner. Miriam personnifie la femme indépendante, diplômée, ayant un métier dit « d’homme ». Daniel symbolise la jeunesse novatrice, aventureuse, qui ne s’attache pas aux reliquats des siècles passés et qui, au contraire, est prêt à incarner la tolérance et le changement.

La saga de Daniel Pitt est un doux mélange de suspense, de politique, de justice et de romance, le tout à la sauce victorienne. Le genre de lecture parfaite à découvrir lors de vos soirées d’hiver au coin du feu.