« Les Cercueils de zinc », parler de la guerre

Titre : Les Cercueils de zinc
Autrice : Svetlana Aleksievitch
Editions : Babel
Date de parution : 3 mars 2021
Genre : témoignage

Prix Nobel de littérature, Svetlana Alexievitch n’a eu de cesse tout au long de sa carrière de dénoncer la guerre, la propagande militariste du pouvoir ainsi que la violence dans l’espace soviétique et post-soviétique. Dans Les Cercueils de zinc, elle a dénoncé en 1989 le mythe de la guerre d’Afghanistan et de ses soldats internationalistes venus construire des routes et des ponts et aider un peuple frère à porter la révolution communiste. Des témoignages recueillis, on réalise qu’il n’en fut rien et que peu en sont sortis indemnes, que ce soit physiquement ou psychologiquement.

Comme dans La Guerre n’a pas un visage de femme, La Supplication ou La Fin de l’homme rouge, l’autrice a recueilli des témoignages de mères, de veuves et d’anciens soldats pour porter la voix de ceux que l’on tait et donner au public une autre vision des guerres que les versions officielles et masculines rapportant en général les hauts faits ou les récits héroïques de batailles. Rien d’héroïque dans Les Cercueils de zinc mais plutôt des interrogations sur le pourquoi de cette guerre, sur le peu de moyens alloués aux soldats présents ainsi que sur le manque de considération pour ceux revenus d’Afghanistan et l’absence de couverture médiatique du conflit en URSS.

Mais que ceux qui y voient un livre anti-patriotique et visant uniquement les crimes et les erreurs de l’Union Soviétique révisent leur jugement car la portée du livre de Svetlana Alexievitch est mondiale. Par son livre, elle veut montrer la cruauté et l’absurdité des guerres en général et veut également dénoncer la culture militariste et patriarcale qui pousse des peuples à accepter d’envoyer leurs enfants au combat et voient dans la guerre et la violence l’unique modèle de société.

Livre éprouvant et dur mais livre nécessaire, Les Cercueils de zinc se présente comme un grand livre documentaire dont la lecture s’impose à tous.