L’entretien d’embauche au KGB, recrutement d’espions

Titre : L’entretien d’embauche du KGB
Auteur : Iegor Gran
Editions : Bayard récits
Date de parution : 24 janvier 2024
Genre : Essai, Histoire, Espionnage

En Occident, le statut des hommes et femmes que l’on appelle agents secrets ou espions est toujours empli d’une aura positive, grâce à la littérature et au cinéma, que l’on pense à James Bond, Ethan Hunt pour Mission Impossible ou l’agent OSS 117. Et même si nul ne peut se targuer d’en avoir parmi ses connaissances d’une part, et que d’autre part la réalité est sans doute moins glamour que la fiction, la figure de l’espion est plutôt positive dans notre culture occidentale.

Loin de cette surexposition médiatique, l’agent des services de l’ancienne Union Soviétique est, si l’on en croit la description proposée dans L’entretien d’embauche au KGB de Iegor Gran, un véritable manuel de 1969 subtilisé à la bureaucratie soviétique, un personnage taciturne et paranoïaque, fonctionnaire protecteur et bras armé – bouclier et glaive forment les insignes du KGB –  du parti communiste et garant de la poursuite de la révolution mondiale.

Le fond plus que la forme

Que le lecteur ne s’attende pas à de la grande littérature, le but premier du manuel étant de faire comprendre de manière explicite aux aspirants espions – terme qui n’est d’ailleurs jamais repris dans celui-ci – les différentes étapes, et surtout les nombreuses précautions à prendre lors du recrutement de futurs collaborateurs dans leurs pays d’assignation. On ne se soucie dès lors aucunement de la fluidité du texte, des nombreuses redites et commentaires pompeux, l’important est de ne laisser planer aucun doute dans la tête de ceux qui l’utiliseront.

Si l’intérêt de cet essai ne se trouve dès lors pas dans ses qualités littéraires, il trouvera son utilité dans les nombreux éléments de contexte fournis par l’auteur, fils d’un dissident soviétique et le sentiment général qu’une telle prose laisse auprès du lecteur. Qu’on l’appelle Tchéka, NKVD, KGB ou FSB, l’ADN de cette organisation reste le même et repose essentiellement sur le secret absolu, la méfiance généralisée, la violence et la délation. Un constat qui n’étonnera pas et fait d’autant plus peur lorsque l’on sait qu’un de ses éléments tient avec ses collègues les rennes de la Russie depuis 25 ans déjà.