Le poids des héros, l’héritage de deux grands-pères résistants

Extrait du roman graphique « Le poids des héros » de David Sala (Casterman, 2022)

Couverture du roman graphique « Le poids des héros » de David Sala (Casterman, 2022)

Scénario et dessin : David Sala
Éditeur : Casterman
Sortie : 19 janvier 2022
Genre : Roman graphique, Autobiographie

Le poids des héros est roman graphique très personnel magnifiquement écrit et illustré par David Sala. L’album évoque la mémoire des deux grands-pères de l’auteur, Antonio et Josep. Deux espagnols républicains exilés en France à la veille de la Seconde guerre mondiale, devenus de véritables « survivants », figures de la résistance aux dictatures.

Un double portrait

Dans Le poids des héros, l’auteur-dessinateur rend hommage à ses deux grands-pères en évoquant leur histoire à travers les récits qui lui sont parvenus en tant qu’enfant. Le rejet du régime de Franco, l’engagement dans la Résistance, puis la fondation d’une famille en France sont leurs points communs. Toutefois, plus que les aspects historiques et biographiques, ce sont les sentiments humains que Sala met en avant dans son récit. Le courage de ces hommes, la force de leurs convictions, mais aussi les valeurs qu’ils ont transmis à leurs enfants puis à leurs petits-enfants.

La question de la transmission d’une génération à l’autre

En même temps que d’évoquer le parcours de ses aïeux dans les années 1930 et 1940, l’auteur évoque aussi ses propres souvenirs d’enfance dans le Lyon des années 1970 et 1980. Les dessins à l’aquarelle, aux couleurs acidulées avec parfois des accents psychédéliques, donnent un aspect irréel au souvenir, avec par exemple l’utilisation surprenante de rose et de bleu pour illustrer les camps de la mort de la Seconde guerre mondiale. Ce choix permet de mettre en avant l’univers mental d’un petit garçon pour qui les récits de guerre sont certes distants, mais aussi très marquants.

L’auteur écrit ainsi :

Je n’avais pas connu la peur, le froid, la faim, l’humiliation, l’exil, la torture. Personne ne m’avait craché dessus parce que j’étais espagnol. Personne ne m’avait mis de corde autour du cou. Je ne connaissais pas l’odeur de la mort, ni celle des corps empilés et des fours crématoires.

Pourtant, je ressentais ces blessures comme si c’étaient les miennes. Ces images me revenaient comme des flashs et me donnaient la nausée, l’envie de hurler.

(p. 125)

Le poids des héros est en effet avant tout une belle histoire de transmission de la mémoire entre les générations. Un très bel album qui nous encourage à reprendre le flambeau de nos aïeux pour la défense de la liberté.

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