Le faux British, au Public jusqu’à la fin de l’année

D’Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry Shields, mise en scène de Gwen Aduh, avec (en alternance) Baptiste Blampain, Benjamin Boutboul, Bénédicte Chabot, Laure Chartier, Damien De Dobbeleer, Laure Godisiabois, Michel Kacenelenbogen, Cachou Kirsch, David Leclercq, Gaëtan Lejeune, Bruno Mullenaerts, Thibaut Nève, Simon Paco et Simon Wauters. Du 18/10 au 31/12/2017 au Théâtre Le Public.

L’entrée en la matière n’est pas pourtant franchement séduisante. Le décor qui attend les acteurs est convenu, lourd, factice.  Il accuse des airs de Vaudeville de mauvais goût. Alors même que le spectacle n’a pas encore commencé, déjà, une tablette de cheminée s’effondre. La scénographe s’active à la remettre en place à coups de papier adhésif. Pas très engageant…

L’histoire qui s’annonce alors tient sur une boîte d’allumettes : un vieux manoir anglais, un crime, un inspecteur, une poignée de suspects, des accessoires empruntés au Cluedo.

Heureusement, très vite l’inquiétude se dissipe et fait place à la dérision. L’intrigue n’est en fait qu’un prétexte à raconter tout autre chose : le jusqu’au boutisme d’une troupe de bras cassés qui nous joue son spectacle alors que rien ne se passe comme prévu.

Entre les les accidents, les trous de mémoire, les enchaînements ratés, les acteurs en mal de reconnaissance, les décalages entre les répliques ou le décor qui s’effrite… rien ne leur est épargné. Mais tous se refusent à abandonner le navire et continuent à jouer leur rôle, envers et contre tout, pour le meilleur et pour le rire !

Entre les allées, venues et déconvenues de chacun, le rythme et le désordre s’accroissent tout au long de la pièce et les bévues se renouvellent dans l’hilarité générale.

Le spectacle offre un très bel exemple d’une scénographie conçue pour servir le jeu. Plus qu’un simple décor apposé sur une mise en scène existante, elle a été directement intégrée au processus d’écriture. Ainsi, une porte qui refuse de s’ouvrir au bon moment change le cours de la pièce et oblige l’acteur à improviser avec ce qui l’entoure. Dans cette comédie, les ratés de la scénographie en font véritablement un personnage clé.

Quant aux personnages réels, chacun d’entre eux, fiché d’un costume haut en couleurs, est à la fois drôle et charismatique. Bien qu’ils jouent tous à être mauvais, ce sont en fait de très bons acteurs, taillés pour nous faire rire.

Une petite pépite donc, à prescrire en cas de mauvaise humeur chronique, déprime post-estivale, décalage horaire… A consommer jusque fin de l’année.

 

A propos Katelyne Marion 23 Articles
Journaliste au Suricate Magazine