« Le climat après la fin du mois », chronique d’un drame annoncé

Titre : Le climat après la fin du mois
Auteur : Christian Gollier
Editions : Alpha
Date de parution : 7 septembre 2022
Genre : Essai, écologie, économie

Nier les effets du changement climatique et son origine humaine, au vu des données scientifiques accumulées ces dernières décennies et en étant témoin des catastrophes naturelles qui se multiplient, c’est faire preuve d’un comportement totalement indécent et détaché de la réalité. Et pourtant, si de plus en plus de citoyens, notamment en France, sont conscients des enjeux, ils sont encore très peu à vouloir modifier leur propre comportement, l’épisode des gilets jaunes et le soutien que ceux-ci ont obtenu au sein de la population en attestent. Sur base de ce double constat, Christian Gollier, économiste et co-auteur des quatrième et cinquième rapports du GIEC analyse dans son ouvrage Le climat après la fin du mois les raisons de cette apparente schizophrénie et propose des solutions pour aller de l’avant.

Si certains problèmes spécifiques comme le trou dans la couche d’ozone ont pu être résolus grâce aux actions coordonnées de la communauté internationale, il n’en est rien pour le dérèglement climatique. Depuis trente ans et la conférence de Rio sur le climat, tous les gouvernements jouent la montre, attendant que leurs voisins fassent les efforts nécessaires pour éviter une catastrophe. En analysant d’abord le cas français pour ensuite élargir le spectre à d’autres nations, l’auteur revient en détail sur les raisons de ces échecs et nous explique pourquoi selon lui, les mesures mises en œuvre, en plus d’être insuffisantes, sont souvent inefficaces en terme d’analyse coût/bénéfice. Pour le dire plus clairement, selon Christian Gollier, les sommes allouées à la résolution de ce problème ne le sont pas toujours de manière très efficiente et envoient de mauvais signaux aux consommateurs/producteurs, ce qui entrave toute la dynamique.

Car l’approche préconisée par l’auteur ainsi qu’une grande partie des économistes, c’est d’envoyer un signal prix via une taxe carbone, incitant chacun à prendre les bonnes décisions pour le climat. Mais c’est également ici que tout se complique, car comme nous l’explique l’auteur, celle-ci est fonction de nombreuses hypothèses, elles-mêmes ne faisant pas l’unanimité auprès de la communauté scientifique. Ainsi, selon que l’on préfère démarrer en douceur et concentrer nos efforts sur une période plus lointaine – ne tenant dès lors pas compte de l’effet d’emballement que pourrait provoquer les catastrophes climatiques actuelles – selon que l’on accorde plus ou moins d’importance au bien-être des générations futures, le montant de la taxe peut varier dans des proportions inquiétantes.

Si l’auteur nous donne dès lors les outils pour comprendre certains enjeux économiques du dérèglement climatique, il nous démontre aussi par l’absurde que l’approche économique n’est rien sans le consentement de la population, population qui semble vouloir privilégier son bien-être immédiat au détriment de celui des générations futures.