« Le Bruit du dégel », tout doux comme du pilou…

Titre : Le Bruit du dégel
Auteur : John Burnside
Editions : Métailié
Date de parution : 25 mars 2021
Genre : Roman

Un échange de bons procédés. C’est sur ce principe qu’est basé Le Bruit du dégel, une sorte de contrat tacite entre deux femmes, Kate et Jean. Kate est une étudiante paumée qui a tendance à s’évader dans l’alcool pour oublier la mort de son père. Sa relation toxique avec un jeune professeur de littérature et de cinéma n’aide pas à lui sortir la tête de l’eau. Lorsque ce dernier lui demande de récolter des récits de vie pour ses travaux de recherche, Kate s’exécute docilement et trouve une candidate en la personne de Jean. Jean est une vieille dame calme et solitaire qui ne vit que pour ses pâtisseries. Elle accepte de se livrer à une condition : que Kate soit sobre durant cinq jours. Au terme de ce délai, elle pourra retrouver Jean et recueillir ses souvenirs.

Vous vous doutez que Kate tiendra le coup, sinon l’histoire tombe à l’eau ! Après cette douloureuse période de sevrage, Jean se confiera à la jeune femme sur son passé et les personnes qui ont jalonné sa vie : un frère éperdu de justice après la mort brutale de leur père alors qu’ils étaient enfants, une nièce militante et révoltée contre les injustices, un neveu disparu après avoir fait la guerre du Vietnam ou l’amie très chère, Lee. Toutes ces histoires, parfois entremêlées dans la grande Histoire, sont entrecoupées de retours à la réalité et aux choses simples de la vie de Kate, la narratrice du roman.

Le plus marquant dans le caractère des protagonistes, est la douceur qui en émane. Jean et Kate sont de belles personnes, qui, bien qu’abîmées par la vie, restent bienveillantes avec chacun et acceptent les choix parfois discutables de leur entourage. Cela peut paraître condescendant, mais elles n’en sont pas naïves pour autant.

Quant au style de l’auteur, s’il a pu nous glacer par son implacable froideur dans son excellent roman La Maison muette, il est ici empreint de délicatesse et de poésie. Dès lors, on ne peut être qu’enthousiaste face à un auteur qui change de registre comme de chemise sans pour autant sacrifier en qualité.

Et pour achever de vous convaincre de la nécessité de cette lecture, voici un argument qui, lui, est pour le coup complètement tarte : l’ambiance feutrée sent le gâteau, les biscuits et le café, préparés, mangés et bus tout au long des récits de Jean. Rien de tel en cette période hivernale que de se blottir sous un bon plaid plein de poils de chat avec une boisson fumante, un petit gâteau trop riche en glucides et cette excellente réédition du Bruit du dégel.