“L’amour maternel”, pour une surprenante fête des mères

Titre : L’amour maternel
Autrices/auteurs : Collectif
Editions : Plon
Date de parution : 11 mai 2023
Genre : Nouvelles

À l’approche de la fête des Mères en France, L’amour maternel propose un recueil de nouvelles qui font la part belle à l’expérience de la maternité dans ce qu’elle a de plus divers. Pour autant, n’espérez pas y trouver des récits mièvres et attendus. Au contraire, l’ouvrage est surprenant et souvent dérangeant dans les thématiques qu’il traite. Il interroge ledit « amour maternel » dans des espaces où l’on ne l’attend pas, et surtout dans des espaces où l’on n’aime pas vraiment l’imaginer. Il souligne la façon dont le lien d’une mère à son ou à ses enfants est un parcours qui peut être semé d’embuches. Ainsi, la mortalité infantile, l’infanticide, les violences sexuelles ou conjugales, la grossesse non désirée, la dépression post-partum, l’adoption, le handicap ou encore la perte d’un enfant sont autant de sujets abordés sans concession.

L’amour maternel nous montre que l’aventure maternelle, quel que soit son stade, amène souvent à se donner corps et âme et à faire preuve de force et de courage, même si ses implications ont varié au fil du temps. Cet amour demande couramment de la dévotion et comporte parfois une dimension sacrificielle. Par moments, les mères semblent mal aimer, qu’on les en accuse ou qu’elles s’accusent elles-mêmes. En cela, « beaucoup de femmes culpabilisent de ne pas ressentir ce qu’elles pensent devoir ressentir », comme l’écrit Carène Ponte dans sa nouvelle Devenir ta mère, mon fils. Il n’existe cependant pas de mère normale car il n’y a pas de normes en matière de maternité. En réalité, cette dernière semble être à chaque fois unique en son genre et se construire progressivement.

Finalement, l’on rompt ici avec une idéalisation de l’amour maternel. L’on rompt aussi avec la pensée que cet amour peut combler toutes les failles de l’existence et sauver systématiquement l’enfant qui en est l’objet. L’on rompt encore avec l’évidence d’un instinct maternel, sans pour autant nier sa possible existence. L’écriture est d’ailleurs très corporelle et inscrit profondément la maternité dans la matière.

Dans ce contexte, L’amour maternel parvient à éloigner le thème d’une certaine bien-pensance et de tout politiquement correct.