« Passe-passe », treize tranches de vie riches en émotions

Titre : Passe-passe
Autrice : Martine Lombard
Editions : Médiapop
Date de parution : 17 septembre 2021
Genre : Nouvelles

Un homme qui profite des vacances pour tenter de resserrer les liens familiaux. Une jeune femme qui se marie pour fuir l’Allemagne de l’Est. Un homme d’affaires qui disjoncte le jour d’une importante présentation. Une mère de famille qui ruine son quotidien à cause d’une jeune mendiante. Une adolescente dans un camp d’entraînement. Une mère qui cherche à exorciser son passé. Une serveuse « différente » qui tombe enceinte. L’auteure nous plonge littéralement dans la vie de ses protagonistes sans contextualisation ni explication. Ne connaissant pas leur passé, nous nous attachons à eux rapidement, sans jugement ni condition. Chacun à leur manière, ils ont un message et des émotions à nous transmettre. C’est là la plus grande force de cet ouvrage.

Passe-passe, ce sont treize nouvelles dont la plupart sont liées de près ou de loin à l’Allemagne de l’Est. Des personnages qui y vivent, qui y ont vécu, qui l’ont fuie, ou qui ont hérité de certains traumatismes et modes de pensée parce que leurs parents y vivaient. De par ces tranches de vie, l’auteure permet d’apercevoir ce que pouvait être l’existence des gens nés à l’est du mur. Les termes choisis et les histoires décrites nous plongent dans des ambiances, un caléidoscope dressant l’esquisse d’une époque et d’un lieu bien particuliers. Cela éveille la curiosité du lecteur à propos de ce pan de l’Histoire.

D’autres nouvelles n’ont pas ce lien avec la Guerre froide. Elles appartiennent à un autre genre, présentant des personnages à un moment de leur vie qui bascule. Ce sont des récits avec un autre rythme, qui prennent le cœur et qui surprennent.

On apprécie tant l’un et l’autre style. Dans les deux cas, la plume de l’auteure est agréable à lire et le genre de la nouvelle est parfaitement maîtrisé. Toutefois, le mélange des styles dans le même ouvrage est déconcertant pour le lecteur. Les premières nouvelles sont toutes liées d’une certaine façon à l’Allemagne de l’Est. Le lecteur prend ses habitudes dans ce sujet, s’y installe confortablement et prend connaissance des codes et des terminologies. Puis, voilà que la nouvelle suivante change radicalement de thème, d’époque, de lieu. L’état d’esprit du lecteur est cassé, le contrat tacite dressé entre lui et l’auteure n’est pas respecté. Un désagrément qui aurait pu être évité en changeant l’ordre des nouvelles, mais qui ne retire rien au plaisir individuel que provoque la lecture de chaque histoire indépendamment les unes des autres.