Blue Ruin de Jeremy Saulnier

blue ruin affiche

Blue Ruin

de Jeremy Saulnier

Thriller

Avec Macon Blair, Devin Ratray, Amy Hargreaves, Kevin Kolack, Eve Plumb

Sorti le 7 mai 2014

Critique :

Dans Blue Ruin, deuxième film de Jeremy Saulnier, on suit le parcours de Dwight, clochard vivant dans une berline rouillée, le jour où il apprend la libération du meurtrier de ses parents. Dwight se met en tête de faire justice lui-même et implique dès lors son entourage dans une vendetta interminable.

Comme le suggère son titre, Blue Ruin tient de l’entreprise de démolition. Celle d’abord de l’Amérique par ce qu’elle a de plus précieux, c’est à dire la famille, montrée ici comme fléau monstrueux dévorant un à un les personnages. Celle ensuite d’un cinéma de la violence dont le film s’amuse à écorcher les habitudes reluisantes à grands coups de réalité sordide : fusillades qui dérapent, gangsters sans charismes, et la voiture, symbole par excellence de toute puissance masculine, ici à l’état de carcasse. On imagine alors Blue Ruin comme une relecture de Drive sans le style ; et, disons le, sans intérêt.

D’où viens en effet cette impression que Blue Ruin ne raconte pas grand chose?

Énième portrait d’une Americana en vogue, sa misère sociale voulue crue sent pourtant le réchauffé. L’esthétique de la crasse, très prisée chez les wannabes post modernes, n’aura que lissé le white trash américain avec toute ses aspérités. Se bousculent ainsi à l’écran une galerie de ploucs vue et revue, obèses amateurs d’armes à feux et autres joyeusetés.

À se croire plus malin que le cinéma de genre – et ses figures – vers lequel il tend, Blue Ruin n’offre au final que son procédé – la violence sans le style, donc – et manque par là d’une vraie vision d’auteur.

Après un premier film sur le ton de la parodie, on espère à Jeremy Saulnier une filmographie moins timide pour la suite. Car Blue Ruin confirme par ailleurs un talent plastique certain chez Saulnier, dont on devait déjà l’excellente photographie du très beau Putty Hill de Matthew Porterfield, exemple bien plus passionnant en matière de réalité rurale.

A propos Léopold Pasquier 4 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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