« La Malédiction : L’Origine », une exploration des ténèbres sans frissons

La Malédiction : L’Origine
d’Arkasha Stevenson
Epouvante-horreur
Avec Nell Tiger Free, Bill Nighy, Sônia Braga
Sortie en salles le 10 avril 2024

La Malédiction : L’Origine marque le retour d’une licence culte de l’horreur, cherchant à explorer les origines du mal qui ont préfiguré le film de 1976. Bien que souvent tentante, la réappropriation d’un film emblématique n’est pas toujours couronnée de succès. Ce dernier volet s’inscrit hélas dans la liste des tentatives ratées.

Près de 50 ans après le film de Richard Donner, La Malédiction : L’Origine entend raconter les origines du fils adoptif d’un diplomate américain, soupçonné d’être la progéniture du diable. Ce préquel nous entraîne dans le sillage d’une jeune américaine arrivant à Rome pour prononcer ses vœux religieux. Cependant, son séjour à l’orphelinat révèle rapidement une conspiration maléfique visant à faire naître l’enfant de Satan.

Le film nous plonge au cœur de l’Italie des années de plomb, une période marquée par des turbulences sociales et politiques où les rues grondent de la révolte contre l’autorité. Cet environnement affecte directement la protagoniste, prise au piège au milieu des manifestations. Un contexte diégétique riche qui permet de mettre en lumière les tensions palpables entre le clergé et le peuple. C’est une piste qui sera malheureusement très vite avortée.

La perspective de la jeune Margaret sur le point de devenir nonne offre une toile de fond intrigante, promettant d’explorer en profondeur les thèmes de la foi, du sacrifice et du péché. Cette vision est illustrée par Margaret et sa compagne de chambre qui s’offrent une dernière soirée en boîte de nuit avant de consacrer leur vie à Dieu, insufflant une modernité inattendue au début du récit horrifique. Cependant, le film peine à maintenir un rythme captivant par la suite. Même les moments les plus sinistres, tels que le parallèle entre l’innocente danse des enfants et le tragique suicide d’une sœur, manquent d’impact en raison d’une construction narrative peu solide.

Tout de même, le film n’est pas totalement dépourvu de qualités. L’héritage musical évident des chants à la gloire de Satan de Jerry Goldsmith apporte une touche de nostalgie et d’authenticité à l’ensemble. De plus, certains choix esthétiques, comme l’utilisation symbolique de la mythologie et de la liturgie, offrent des visuels saisissants. Ces moments de grandeur sont toutefois rapidement éclipsés par un récit dépourvu de subtilité. Le film demeure embourbé dans une intrigue prévisible et un rythme terne. La conclusion s’étire en longueur laissant une impression de dénouement bâclé, accentuée par un deus ex machina un peu grinçant.

Cette nouvelle tentative de revisiter les abysses de l’horreur démoniaque ne parvient donc pas à saisir l’ambiance unique du film d’origine. Sans même les comparer, l’annonce par 20th Century Studios du titre de « film le plus terrifiant de l’année » relève davantage de la fiction que de la réalité.