Rencontre avec les drôles de dames de Sirius Plan

Voici l’histoire de trois vies, trois femmes (Claire Joseph, Skye et Gaëlle Mievis) que le destin (ou le hasard) a rassemblé pour former un trio infernal qui va à la rencontre des gens au travers de leur musique. Une musique qui nous touche et des paroles qui nous racontent et nous bouleversent. Voici donc Sirius Plan.

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Bonjour, merci de nous accorder cet interview pour parler de Dog River Sessions, votre premier album.

Tout d’abord, pourriez-vous nous raconter comment Sirius Plan est né?

Skye : Claire et moi on s’est rencontrées y a quelques année déjà et on a ensuite rencontré Gaëlle lors d’un concert de Bj Scott à Paris. Elle jouait de la batterie et chantait également et on l’a rencontrée là-bas et on a su directement qu’on avait quelque chose à faire ensemble musicalement. Puis on s’est retrouvées ensemble après un festival dans une chambre d’hôtel. Il y avait une guitare et une boîte de bonbons. Et on a commencé à jamer sur une chanson qui s’appelait Funky Candy Box. C’est ainsi qu’est né Sirius Plan.

On entend de suite que vous n’êtes pas des débutantes. Que faisiez-vous avant Sirius Plan?

On a 3 carrières solo bien différentes et définies (Claire Joseph, Gaëlle Mievis et Skye). Et on a, entre autres, des carrières de choristes, musiciennes, artistes lead, …

Le mélange de vos 3 voix est très intéressant et est un élément essentiel dans votre musique.

Oui, c’est aussi notre premier instrument. Quand on a chanté ensemble pour la première fois, nos voix se sont retrouvées naturellement aussi bien dans les graves que dans les aiguës.

Claire : On s’est retrouvées sur l’harmonie et comme on a toutes un ambitus assez large, chacune peut passer du grave à l’aigu facilement. On s’amuse ainsi à faire notre propre architecture dans les mélodies. On se répartit donc les rôles différemment à chaque chanson de façon instinctive.

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Au sujet de l’écriture, comment cela se passe-t-il?

Skye : Chacune présente ses mélodies et ses textes. Mais on aime toujours finir ensemble. Pour que chacune s’y retrouve et puisse finir la chanson au mieux.

Votre album, Dog River Sessions a été enregistré en Alabama ?

Oui, intégralement. On a été là-bas un petit moment avec Beverly Jo Scott. Elle nous a conduit au Chickfest et là, on a complètement craqué sur le lieu, l’état d’esprit des gens, leur bienveillance. On s’est trouvées en accord musicalement et aussi au niveau du cœur avec ce qui se passait là-bas. Donc, on a décidé d’y retourner l’année suivante et d’enregistrer notre album là-bas avec Rick Hirsch (Cher, Randy Newman , Eric Brudon). On l’avait rencontré un an avant et visiblement, il avait aimé ce que nous faisions.

Gaëlle : On a enregistré là-bas comme trois européennes qui vont planter leurs pieds dans le Bayou et chanter de tout leur cœur. On s’est sentie tout de suite à l’aise, presque comme à la maison.

L’état d’esprit doit être très différent en Alabama par rapport à ici.

Skye : Alors, évidemment, il y a là-bas une histoire qui est très chargée et pas très jolie et même douloureuse. Et puis, il y a ce que l’on a connu. C‘est à dire, des gens blancs, noirs, hommes, femmes, gays, hétéros, vieux, jeunes, adorables, bienveillants et à l’écoute.

Gaëlle : On a passé un mois là-bas. Et ces gens sont venus nous visiter, en fait. Ils venaient en bateau ou en 4×4. Ils arrivaient en apportant de quoi faire un barbecue, de la bière. Ils venaient avec leur guitare et chantaient également. C’était un peu comme un cadeau de bienvenue. Et surtout, ils repartaient en disant « Merci beaucoup » ! Et ça c’était assez bouleversant à vivre. C’est tellement simple et facile.

Claire : On se sent directement comme dans une fratrie. C’est comme une communauté et c’est assez fort à vivre.

Il y a une authenticité chez ces gens qui est assez typique.

Leurs chansons nous touchent beaucoup et nous parlent énormément. On se retrouve dans ce qu’ils disent. C’est authentique comme ce que l’on a envie d’être et envie de faire.

Gaëlle : Les textes sont très importants en Alabama. Il y a plein de concours d’auteurs. Et j’ai l’impression que ces gens doivent d’abord se concentrer seuls avec leur guitare et vraiment toucher les gens avec leurs histoires. Ce sont un peu des conteurs, au fond. C’est aussi pour cela que l’on a chanté en Français et en Anglais. Les chansons ont choisi et on a suivi le mouvement.

Parlons un peu des textes. Est-ce que vous avez choisi d’aborder des thèmes personnels dans ces chansons ou des choses qui vous tenaient à cœur ?

Skye : Oui, il y a beaucoup de choses intimes dans chacune de ces chansons. On essaie de mettre beaucoup d’amour à chaque fois.

Gaëlle : Je pense qu’on est aussi fascinées par l’être humain et cette capacité qu’il a à être parmi les autres et on se retrouve beaucoup dans la connexion entre les individus. C’est un album d’humain à humain et y a un effet de boomerang quand on s’adresse au gens. On vit la musique pour retrouver cet échange.

Claire : Mais en effet, au travers de ces textes, on exprime ce besoin de retour aux sources, à l’enfance, à la pureté et à la légitimité. En tant qu’artiste, on est toujours dans la lumière, en train de montrer une belle facette de nous-même. Et justement, cet album représente une mise à nus de toute émotion et tout sentiment.

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Il y a aussi quelques interludes dans cet albums, des tranches de vies que vous avez choisi de nous livrer pour partager davantage votre expérience. Il y a notamment cette histoire d’un musicien racontant qu’il a acheté sa caisse claire en 1975. Pourquoi avoir inclus cette séquence ?

Claire : En effet, il y a cette courte interlude où un homme ne fait que dire cette phrase. Cette histoire nous a marqué car, en 1975, nous n’étions pas nées. Et donc, ça nous a touché.

Gaëlle : En même temps, ça raconte aussi ce qui s’est passé en studio. C’est-à-dire qu’on nous a amené du matériel et qu’on a joué avec presque rien. On a fait avec ce que l’on avait et c’est aussi ça qui a fait l’album. C’est-à-dire que ce disque, c’est nous, dans notre plus simple appareil avec ce qu’il y a sur place.

Ca se sent très fort au niveau du son. On pourrait reproduire ces chansons facilement n’importe où.

Oui, c’était une volonté. Y a cette ambiance de salon, de cage d’escalier, etc. C’est dû notamment au fait que l’on a enregistré un peu partout dans la maison de Rick Hirsh. Il y avait des fils partout et c’est donc ce qui donne ce côté « home made » de l’album.

Est-ce que certains artistes en particulier ont influencé votre musique ?

Skye : En fait, tout le jeu est là. C’est-à-dire que l’on a fait ce groupe au départ en se disant que ça n’allait pas durer. Au départ, on faisait des reprises. Et notre idée, c’était de refaire ces chansons à notre manière.

Claire : Lorsque l’on s’est mises à composer, on s’est dit que comme on avait des personnalités et des façons de composer différentes, on s’est dit que l’on allait essayer de nous retrouver autour d’une frontière qui est rendre hommage à tous ceux et celles qui nous ont nourrit et influencés. Et donc, on ne s’est pas mis de barrière. On peut faire un blues, un rock, un morceau limite R n’ B avec une guitare, etc…

Gaëlle : On a donc des cultures musicales très différentes qui vont de Johnny Cash à Madonna. Mais celles-ci se rejoignent forcément quelque part puisque chacune est de la digestion d’une autre musique. On a fait que reproduire ce que Cash et bien d’autres ont fait avant nous. On ne voulait pas copier ces gens mais revenir à cela, nous retrouver là-dedans pour revenir à l’essentiel et ainsi exprimer qui on est toutes les trois.

B.J. Scott a été beaucoup présente depuis le début de cette aventure.

Oui, en fait, c’est par elle que tout s’est fait. Elle nous a fait rencontrer Rick Hirsch, elle nous a emmené en Alabama, rencontrer des gens, elle nous a fait jouer au Veets, là où on a fait un de nos premiers concerts là-bas. Mais c’est aussi quelqu’un qui sait laisser faire les artistes. Elle n’était pas là pour l’enregistrement, elle nous a laissé faire ce que l’on voulait. En revanche, elle est présente sur un des titres (Big River) car c’était important pour nous qu’il y ait ce lien fort. Elle y incarne un genre de prêtresse qui fait monter la pression. Il y a comme du vaudou chez elle. Elle est un peu comme une douce sorcière.

Claire : Elle fait partie des gens qui nous ont marqué quand nous étions plus jeunes. C’est quelqu’un de passionnée et entière. Soit tu la suis et elle t’embarque avec elle et tu peux ainsi vivre des choses formidables. Soit tu restes là « baby ». (rires)

Alors, bien entendu, je suppose que l’on va vous retrouver bientôt sur scène.

Skye : Oui, on va défendre cet album sur scène avec cette couleur encore plus définie. On va d’abord jouet à l’Acoustique Café à Namur le 14 novembre et ensuite, faire une release party au Divan Du Monde, à Paris le 24 novembre.

On attend encore la date de la release party en Belgique.

Gaëlle : Mais on a envie de célébrer ce disque parce qu’on en est très fières. Il représente exactement ce que l’on voulait offrir aux gens qui nous suivent depuis 4 ans, maintenant.

Pour plus d’infos sur Sirius Plan ainsi que leurs prochaines dates de concerts, n’hésitez pas à vous rendre sur leur site : siriusplan.com

 

 

A propos Christophe Pauly 485 Articles
Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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