High-Rise, l’ascension de la surenchère

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High-Rise

de Ben Wheatley

Drame, Science-fiction

Avec Tom Hiddleston, Sienna Miller, Luke Evans et Jeremy Irons

Sorti le 6 juillet 2016

L’adaptation du roman de J. G. Ballard semble avoir tout pour plaire : une histoire apocalyptique sur fond de dénonciation de la société de consommation, un cadre futuriste des années 70 dont le minimalisme exacerbe le chaos latent, et une explosion de la débauche humaine ; le tout supporté par des acteurs de premier choix, des prises de vues captivantes et une musique magnétique (signée Clint Mansell, compositeur, entre autres, de la bande originale de Requiem for a Dream et comportant une reprise envoûtante de SOS d’ABBA par Portishead).

En 1975, le Dr Laing (Tom Hiddleston) emménage dans une nouvelle tour construite dans ce qui se veut être l’image d’une société moderne et idéale. Petit à petit, elle se montre au contraire comme le reflet d’une civilisation individualiste dans laquelle chacun est obsédé par sa propre élévation, n’hésitant pas à écraser autrui, jusqu’à atteindre l’immoralité la plus totale.

Si la première partie du film nous plonge dans une atmosphère intrigante où le calme apparent laisse planer le désordre menaçant, l’éruption anarchique qui survient ensuite nous lasse assez rapidement. La sophistication fascinante des premières images se fait vite exagérément sentir dans les scènes de dépravation qui s’ensuivent ; ce qui, loin d’écœurer, laisse totalement indifférent. Les longueurs de cette seconde partie auraient pu servir à développer davantage le cheminement des événements et des esprits qui aboutit à cette situation extrême, la manière dont une communauté en apparence convenable peut arriver à un tel état de sauvagerie. Au lieu de cela, le réalisateur semble se complaire dans l’avilissement le plus sordide, sans plus aucune subtilité ni réelle réflexion sur le processus d’ébranlement de la situation.

Les acteurs incarnent respectivement des personnages à l’image de l’inégalité du film. Tom Hiddleston enveloppe d’une aura de mystère le Dr Laing qui, sous ses airs d’homme sain et équilibré, semble pouvoir dévier à tout moment ; tandis que Sienna Miller, Luke Evans et Jeremy Irons n’apportent pas vraiment de relief ni de substance à leurs rôles de jeune mère voyant défiler les amants les uns après les autres, de révolutionnaire moustachu et macho et d’architecte dépassé par sa propre création.

La montée en puissance de la première partie de High-Rise ne fait que souligner la déception de son dénouement, qui ne parvient plus à provoquer l’excitation du spectateur, blasé par cette escalade de débauche et de perversion.

A propos Julie Vermandele 24 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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