Hâpy, histoire d’un transgenre koweïtien

Titre : Hâpy, Histoire d’un transgenre koweïtien
Auteur :  Taleb Alrefai
Éditeur : Actes Sud
Date de parution : avril 2022
Genre : Roman, Témoignage

Hâpy est un roman traduit de l’arabe sur le parcours semé d’embûches d’une jeune adolescente koweïtienne qui souhaite devenir un homme. Victime d’une malformation génétique découverte sur le tard, Rayyane se sent mal dans sa peau. Trouvera-t-elle le courage de subir une opération de réassignation sexuelle alors que sa famille et la société toute entière refusent d’accepter sa transition ?

Un angle intéressant sur la transsexualité

La force et l’originalité d’Hâpy est de traiter du sujet difficile de la transsexualité dans le contexte d’une société musulmane conservatrice qui tend à assimiler les personnes transgenre à des personnes homosexuelles et/ou déviantes. Inspiré d’une histoire vraie, le roman montre à quel point il est difficile pour les personnes transgenre d’assumer leur identité ouvertement et d’obtenir le soutien de leurs proches. Lorsqu’elle découvre qu’elle n’aura jamais ses règles, Rayyane est sous le choc. Tout s’explique : son rejet de la féminité, son attirance pour sa meilleure amie Jawa… Mais comment faire pour changer d’identité sexuelle à 17 ans, alors que tout le monde vous a toujours considéré comme une fille ?

Si le corps médical se montre compatissant, la violence des réactions de la famille de Rayyane montre à quel point la transgression des frontières entre le féminin et le masculin continue de faire extrêmement peur. Seule la mère de Rayyane est prête à accompagner son enfant dans ce processus risqué et douloureux qui lui permettra de devenir un homme. Le personnage de la mère est d’ailleurs le plus touchant du roman – offrant un bel exemple de sacrifice et de loyauté.

Un récit sous forme de témoignage

Malheureusement, si le sujet abordé par Hâpy est fascinant, la lecture est rendue assez rébarbative par un style répétitif voire maladroit – du moins en ce qui concerne la traduction française. Les transitions entre les flashbacks et les flashforwards sont souvent abruptes et le style oral à la première personne donne l’impression d’un monologue intérieur souvent confus.

Hâpy se lit donc davantage comme un témoignage (même fictionnel) que comme un roman. L’ouvrage a eu le mérite de susciter un débat sur la question de la transidentité au Koweït et plus généralement au Moyen Orient.

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