Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste

Couverture du roman « Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste » d’Emmanuelle Pirotte (le cherche midi, 2024)

Titre : Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste
Auteur : Emmanuelle Pirotte
Éditeur : Le Cherche Midi
Date de parution : 11 janvier 2024
Genre : Roman

Le dernier roman d’Emmanuelle Pirotte, Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste, est la confession caustique d’une bourgeoise « bien comme il faut » de 81 ans qui décide de planifier sa mort pour échapper à la déchéance. À la fois satire sociale, règlement de comptes, et réflexion sur la famille et le sens de la vie, ce monologue écrit d’un seul bloc se lit avec délectation.  

L’heure du bilan

Je m’appelle Dominique Biron et j’ai décidé de mourir dans trois jours.

Dès les premières pages de Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste, le ton est donné. La narratrice, une femme âgée à qui l’on a récemment diagnostiqué la maladie d’Alzheimer, s’adresse au lecteur sur le ton de la confidence pour faire le bilan de sa vie. Ayant décidé de planifier son suicide à l’insu de ses proches, elle évoque ses regrets et règle ses comptes en prenant le lecteur à témoin. Oui, elle a raté sa vie. Oui, elle a souvent été lâche, elle s’est laissée allée à une vie conformiste sans oser sortir des sentiers battus. Mais plutôt que de s’apitoyer sur elle-même, Dominique se plait à égratigner son entourage, de ses voisins à ses enfants, en passant par… le lecteur lui-même, qu’elle interpelle à plusieurs reprises.

Une critique de la bourgeoisie brabançonne

Dans Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste, l’autrice de D’innombrables soleils se moque allègrement des travers des grandes familles bourgeoises du Brabant wallon. Dominique a mené une vie conforme aux attentes de sa classe sociale : beau mariage, trois enfants et plusieurs petits enfants, belle maison et vie confortable. Pourtant, au crépuscule de sa vie, elle prend conscience que les seuls moments vraiment heureux, vraiment authentiques, sont ceux qui ont précisément eu lieu hors de ce cadre conformiste. Petit à petit, on comprend que ce rejet de son milieu a un source intime : la perte de sa fille Dorothée, seule à remettre en cause le modèle familial.

Loin d’être glauque, le compte à rebours jusqu’au troisième jour fatidique est plutôt jouissif. L’amertume pleine d’ironie de Dominique et son plaisir à titiller le lecteur font de cette vieille misanthrope un personnage aussi attachant qu’insupportable.

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