Et si « La Saison des femmes » était le livre de l’été ?

Titre : La Saison des femmes
Autrice : Carla Guelfenbein
Editions : Actes Sud
Date de parution : 7 juin 2023
Genre : Roman

Fragments de vie de quatre destinées de femmes qui entrent en résonnance.

« Je pense à toutes ces femmes qui attendent tranquillement dans la pénombre. Attendre est une façon de disparaître. »

Carla Guelfenbein, auteure chilienne, nous livre ici son cinquième roman traduit en français : La Saison des femmes. Dans ce livre, on écoute les voix de quatre femmes à travers les années, quatre femmes au portrait contrasté, quatre femmes qui nous parlent entre les lignes de la condition féminine et de ses zones d’ombre.

De nos jours, Margarita guette, assise sur un banc couvert d’inscriptions de l’artiste Jenny Holzer, son mari, professeur d’université qu’elle croit infidèle et qui passe sans la voir. A des années de là, Elizabeth fuit sa famille aristocrate pour mener une vie de bohème et suivre des cours de littérature. Elle s’enivre dans les bras d’un poète plus âgé, Léonard. En 1948, Doris tient dans ses mains la lettre de sa compagne, la poétesse chilienne Gabriela Mistral, qu’elle essaye de quitter, espérant que ses retrouvailles et sa liaison amoureuse naissante avec Aline, une ancienne amie d’enfance, l’aideront à s’en détacher. Mais quitte-t-on ainsi le génie ? En s’enfuyant après avoir découvert le cadavre d’une jeune étudiante dans la résidence que nettoie sa mère, Juliana, 13 ans, se confie à une dame inconnue pour déposer son tourment. Celle-ci, pour la consoler certainement, lui dit :  « Je suis morte plusieurs fois… Cela t’arrivera sûrement plusieurs fois aussi ».

Ce livre, construit comme un patchwork, nous pousse à réfléchir sur l’attente, comme une manière de disparaître, trouvant écho dans un livre cité à de nombreuses reprises « Comment disparaître en Amérique sans laisser de traces ». Chaque existence de ces héroïnes semble conduire le lecteur vers cette disparition qui pourrait en même temps être la meilleure manière de s’affirmer dans ce monde, à l’instar de ces écrivaines ou artistes ayant choisi leur porte de sortie, de Virginia Woolf à Sylvia Plath en passant par Violeta Parra.

Les mots de Carla Guelfenbein sont forts et justes, tissant les différentes histoires avec beaucoup de réalisme dans un jeu de piste où le lecteur se laisse entraîner avec délectation.

Une belle saison à lire cet été !