« Un fugitif à Walden », entre philosophie et récit biographique

Titre : Un fugitif à Walden
Auteur : Norman Lock
Éditions : Rue de l’échiquier
Date de parution : 6 mai 2021
Genre : Roman

S’inscrivant dans le cycle Romans américains, une série d’ouvrages mettant en scène, sous un éclairage nouveau, une ou plusieurs figures majeures de la littérature américaine, Un fugitif à Walden nous décrit la rencontre d’un jeune esclave noir avec Henri David Thoreau, figure pionnière de l’écologie décoloniale. Evoquant non seulement le parcours des esclaves tentant de s’échapper de l’enfer des états du Sud, l’auteur nous montre également à quel point blancs et noirs vivaient dans des mondes différents, réalité qui a peu changé au cours des 150 dernières années.

En 1845, Samuel Long, jeune esclave noir d’une vingtaine d’années, réussit à s’enfuir de la plantation de son maître, en Virginie. Après avoir emprunté le chemin de fer souterrain – maillage de personnes qui, depuis les États du Sud, aident les esclaves en fuite à rejoindre le Canada -, il arrive au lac Walden et se lie avec le cercle des philosophes transcendantalistes : Henry David Thoreau, Ralph Waldo Emerson, Nathaniel Hawthorne, William Lloyd Garrison et bien d’autres. À leurs côtés, il va alors tenter de se (re)construire et d’apprivoiser sa nouvelle condition d’homme libre.

Un fugitif à Walden est un livre paré d’excellentes intentions mais qui pèche par une écriture ampoulée qui pourrait dérouter plus d’un lecteur.

Le scénario en lui-même est fort intéressant sur le fond, on voudrait se passionner pour ce récit qui, en montrant que malgré les meilleures intentions du monde on peut souvent blesser ou rater sa cible, faute de vraiment comprendre son sujet, pourra susciter la réflexion chez le lecteur quant à de nombreuses situations contemporaines. Malheureusement, sur la forme, le récit se partage entre les souvenirs de Samuel Long qui multiplient les références bibliques et la poésie de Thoreau qui ne parle souvent qu’à travers des métaphores animalières. Bien entendu, les deux styles très distincts renforcent l’idée que les deux groupes vivent dans des mondes qui au mieux se tolèrent à défaut de pouvoir se comprendre entièrement, mais finalement, cela laisse une impression de manque de fluidité au récit.

Un fugitif à Walden est un livre qui se mérite et nécessitera plusieurs lectures avant d’en comprendre réellement le sens, ce qui pourrait freiner de nombreux lecteurs, ce qui est dommage au vu de l’importance des thèmes qu’il charrie.