Creed II, délire viril et machiste

Creed II
de Steven Caple Jr.
Drame, action
Avec Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson, Dolph Lundgren, Florian Munteanu
Sorti le 9 janvier 2019

Initiée par Ryan Coogler, désormais parti folâtrer sous d’autres cieux suite à l’incommensurable succès de Black Panther, la seconde vie donnée à la saga Rocky par l’intermédiaire d’un nouveau personnage – à savoir Adonis Creed, fils illégitime du rival historique de Rocky, Apollo – continue d’explorer un sillon creusé par les films originaux et semble désormais bel et bien destinée à, au choix, faire vivre des moments nostalgiques émus aux fans de la première heure ou copier scrupuleusement des schémas préexistants afin de contenter à moindre effort les nouvelles générations.

Puisque ce deuxième opus de Creed est un copié-collé exact de la trame de Rocky III qui se pique tout de même d’importer des personnages de Rocky IV, ne traînons pas sur le résumé du film : Adonis Creed, devenu champion du monde, se fait battre par un challenger inattendu – en l’occurrence, le fils d’Ivan Drago, le méchant russe de Rocky IV – et doit donc l’affronter une seconde fois, avec l’aide du bon vieux papy Rocky en coach débonnaire, pour laver son honneur et son nom.

De manière beaucoup plus flagrante et décomplexée que le premier Creed, cet opus assume pleinement sa dimension virile et machiste, au point que ça en devienne risible. Non content de son spectacle de muscles routinier – tout de même mis au goût du jour, plus métrosexuels 2018 que masses poilues eighties – le film déploie toute une dialectique des bonnes vieilles vertus du patriarcat, en reléguant notamment l’unique personnage féminin important au rôle de mère et de soutien moral du héros, et surtout en faisant du tandem père-fils Ivan et Viktor Drago les représentants de ces pauvres machos abandonnés par une femme-mère indigne.

Globalement, Creed II atteint de manière assez violente toutes les limites d’une série dont les défauts ont définitivement enterré les qualités, à l’image de ce pauvre Sylvester Stallone, condamné à rejouer indéfiniment son personnage pathétique de « clodo-sagesse » initié par Rocky Balboa (sixième épisode de la saga originale, pour les néophytes). À ce stade-ci, on ne se trouve plus devant un film, mais bien devant un festival de gimmicks actionnés comme autant de petits boutons ou leviers pour titiller les spectateurs acquis à la cause et les caresser dans le sens du poil.