Clair de femme : une ode à l’amour

De Romain Gary, mis en scène par Michel Kacenelenbogen, avec Anne-Marie Cappeliez, Anne-Pascale Clairembourg, Laurence D’Amelio, Isik Elbaz, Jean-François Rossion. Du 3 mai au 25 juin au Théâtre Le Public.

C’est l’histoire d’une rencontre improbable entre deux accidentés de la vie. A la sortie d’un taxi, un homme bouscule une femme au coin d’une rue et reste avec elle le temps d’une nuit. Ensemble, ces deux êtres en déroute vont faire et défaire l‘amour en quête d’oubli et d’entraide aussi.

Lui, c’est Michel, il tient difficilement debout, ivre de souffrances. Il a promis de partir loin pour ne pas être tenté de revenir auprès de Yannick, sa femme mourante. Atteinte d’un cancer, celle-ci a décidé de mettre fin à ses jours avant la fin de la nuit. Avant de disparaître, elle lui a fait promettre de rencontrer une autre femme pour qu’elle puisse continuer à vivre et l’aimer à travers cette nouvelle patrie féminine.

Elle, c’est Lydia, meurtrie par la vie. Six mois plus tôt, elle a perdu sa petite fille dans un accident de voiture. Son mari, qui était au volant lors de l’accident, s’en est sorti avec un grave trouble du langage, il relève à présent de la psychiatrie. Rongée par le deuil et la culpabilité d’avoir abandonné son époux, Lydia ne sait plus ce qu’est aimer.

Lors d’une nuit d’errance, ces deux naufragés vont s’épauler pour tenter de combler leur solitude et triompher de la mort. En ville, ils croiseront quelques personnages hauts en couleur : le Señor Galba, dresseur d’animaux qui entretient une relation très forte avec son chien, et Sonia, la belle-mère russe de Lydia, qui se complait dans le malheur et les illusions.

Il fallait l’écriture, la poésie et toute l’humanité de Romain Gary pour sublimer cette histoire aux allures très sombres. Avec ses dialogues ciselés et son lumineux sens de la formule, l’écrivain nous emporte avec bonheur dans les méandres du couple. C’est Itsik Elbaz qui s’est chargé d’adapter ce petit roman foisonnant de belles phrases à portée philosophique pour la scène du Théâtre Le Public. La mise en scène sobre, composée de quelques écrans pour nous plonger dans l’ambiance de différents lieux, est signée Michel Kacenelenbogen. Dans la salle des voûtes, cinq comédiens jouent avec justesse et émotion ce petit bijou de texte jusqu’au 25 juin.