Chambre 212, comédie fantasmagorique sur la séparation

Chambre 212
de Christophe Honoré
Comédie dramatique
Avec Chiara Mastroianni, Vincent Lacoste, Camille Cottin, Benjamin Biolay, Stéphane Roger
Sorti le 9 octobre 2019

Après que son mari Richard ait découvert ses nombreuses infidélités, Maria décide de partir une nuit du domicile conjugal pour aller s’installer dans une chambre de l’hôtel d’en-face. De là, elle a une vue sur son mari s’énervant seul dans l’appartement et a l’occasion de réfléchir à son mariage. Dans sa réflexion, plusieurs personnages fantomatiques viennent l’épauler au sein de cette chambre 212, dont un Richard jeune ou encore une ancienne maîtresse de celui-ci.

Si le cinéma de Christophe Honoré a parfois tendance à être vite catégorisé comme étant élitiste ou encore parisianiste, il est vrai que certains de ses films tendaient un peu le bâton pour se faire battre, à l’instar du dernier en date, Plaire, aimer et courir vite, qui théorisait l’art du « bon goût » de manière assez maladroite et suffisante. Avec Chambre 212, Honoré semble vouloir se renouveler tout en revenant à une veine fantaisiste déjà présente dans ses films chantés (Les Chansons d’amour, notamment).

Sorte de conte moral fantasmagorique, Chambre 212 tire autant ses défauts que ses qualités de sa dimension de fable poético-vaudevillesque. Cette comédie sur la séparation et le remariage agace parfois par son maniérisme et ses dialogues philosophico-comiques semblant tout droit sortir d’un film tardif de Bertrand Blier, tandis que le casting inégal joue également parfois contre le film – chacun semblant suivre sa petite partition de manière un peu autiste.

Pourtant, quelques belles idées surnagent dans ce trop-plein thématique et visuel constant. La bulle spatio-temporelle que crée le film autour de ses deux personnages principaux (Maria et Richard, dont le second est joué par deux acteurs différents) et la manière dont il leur permet de faire des allers-retours dans le temps, d’expérimenter des sensations qui étaient censées être perdues ou oubliées, constitue le principal intérêt de Chambre 212 et le fait même dépasser le cadre d’une petite comédie fantaisiste, lui conférant une réelle profondeur ainsi que toute sa singularité.