Britt-Marie Was Here : un conte des temps modernes

Britt-Marie Was Here
de Tuva Novotny
Drame
Avec Pernilla August, Vera Vitali, Peter Haber
Sorti le 4 septembre 2019

Adaptation cinématographique du roman suédois Le Monde selon Britt-Marie (Fredrik Backman, 2014), Britt-Marie Was Here raconte l’histoire d’une femme de 63 ans qui mène depuis 40 ans la même vie de femme au foyer : nettoyage, courses, cuisine, etc. Armée de son petit calepin à fleurs roses, elle ne se sent bien que dans un monde où tout a sa place. Le jour où elle se retrouve nez à nez avec la maîtresse de son mari, elle comprend qu’elle n’est cependant plus à la sienne. Après avoir quitté le domicile conjugal, elle accepte le premier emploi qui lui permet de s’en sortir seule. C’est ainsi qu’elle se retrouve dans le village de Borg face à un groupe de jeunes footballeurs qui n’attend qu’une chose, que Britt-Marie dans son nouveau statut d’entraîneuse les aide à gagner la coupe à laquelle ils tiennent tant. Un défi pour cette femme qui a le football en horreur.

Britt-Marie est une personne organisée : elle reproduit sans cesse les mêmes gestes, utilise toujours les mêmes formules. La réalisation donne un côté très visuel à cette ritournelle, qui ne semble se manifester que dans les scènes où Britt-Marie est seule, tel un symbole de ce trait de caractère. Au cours du film, divers événements vont mettre à rude épreuve son immuabilité, jusqu’à l’ébranler. Cette répétitivité rythme chaque nouvelle journée vécue par Britt-Marie, faisant de cette histoire un conte des temps modernes.

D’ailleurs, Britt-Marie est une princesse bien particulière qui, du haut de ses 63 ans, va petit à petit prendre conscience que sa vie ne fait peut-être que commencer. Au contact de ses nouveaux amis, l’héroïne comprend que l’essence même de l’existence réside dans l’enfance, les rêves et la passion. Cette réflexion est encore renforcée par un certain nombre de flashbacks qui confrontent notre héroïne à sa propre jeunesse.

Une héroïne pas comme les autres donc, des personnages hauts en couleur aux personnalités profondes et cohérentes au sein d’un village où le football règne en maître, Britt-Marie Was Here réunit tous les ingrédients pour un film réussi qui donne envie de prendre sa vie en main et de réaliser nos rêves d’enfant. En outre, on y retrouve avec plaisir un certain éveil féministe, Britt-Marie n’hésitant pas à briser son mariage pour fuir la domination silencieuse de son époux et les conventions qu’elle a trop longtemps acceptées. Elle devient donc un modèle de force et de courage. Un voyage initiatique qui nous rappelle avec poésie que les événements peuvent prendre une autre tournure à n’importe quel moment !

Pernilla August – entre autres connue pour son rôle dans Star Wars en tant que Shmi Skywalker, la mère du jeune Anakin – tient parfaitement la route dans le personnage de Britt-Marie, qu’elle parvient à rendre ferme sans être trop froid pour laisser la place aux émotions contenues mais bien présentes. Un personnage qui se veut fort et réservé mais qui ne peut s’empêcher d’être ravagé par un raz-de-marée de sentiments. Ce rôle difficile par l’équilibre qu’il demande est interprété sans fausse note, pour le plaisir des spectateurs.