Dark Horse de James Napier Robertson

the dark horse poster

Dark Horse

de James Napier Robertson

Drame

Avec Cliff Curtis, James Rolleston, Kirk Torrance

Sorti le 3 juin 2015

Jane Campion, dans Top of the Lake avec ses plans d’hélicoptère, avec sa poésie toute féminine, avec l’enchevêtrement des forêts, des eaux, des montagnes et de la ville, livre le portrait d’une Nouvelle-Zélande verdoyante. Peter Jackson et ses trilogies attirent du monde : on traverse les océans pour se rendre à Miltford Sound ou à la Baie des îles, on part chercher ce dont Bruxelles, Paris ou New-York nous prive : le silence.

La Nouvelle-Zélande de James Napier Robertson est une succession de préfabriquées isolations frigolite, de grandes routes, de bungalows caravanes, de lumières qui empêchent la nuit d’être noire, et, surtout, de maoris, l’une des plus vieilles cultures de l’île, en combat centenaire avec le colonisateur.

Genesis Potin (Cliff Curtis) est un ancien champion d’échec atteint de troubles bipolaires. Lorsqu’il sort de l’hôpital psychiatrique, Genesis n’a que son frère, Noble (Kirk Torrance), maori d’une triste banlieue, en proie au chômage et à l’alcool, pour l’accueillir le temps de la réadaptation.

Genesis, qui tourne en rond dans le monde de brutes de son frère, investit un groupe d’échec pour jeunes maoris en difficulté. Il se fait éducateur, confident, formateur, figure de proue des enfants perdus du quartier.

Mana, le fils de Noble, est destiné à devenir un « homme » (blouson noir, couteau, casses, coups de poings) mais aspire à tout autre chose. Doux, maigrichon, émotif, il suit Genesis et ses personnages : le Fou, la Tour, la Reine et surtout le Roi, qu’il faut défendre avec l’intelligence et la subtilité d’une pincée de doigts. Or, le père de Mana le force à la résistance : les maoris sont déchus de leur terre, de leur culture. Il n’y a que la bestialité qui force le respect.

Genesis dort au sommet d’une colline. SDF parce que la vie, grouillante, lui est encore inaccessible. Il se lave dans les douches publiques, se détache des médicaments, dort peu. Il rechute parfois, la conscience emmêlée.

Le film, lauréat d’une flopée de festivals, est mémorable d’un bout à l’autre. La scène d’ouverture (Genesis, paisible, les mains en l’air, une couverture patchwork sur les épaules, sort sous une pluie violente) est si vivante, si tragique, qu’elle nous renvoie d’emblée à nos propres peurs : et si, d’un coup, notre présence au monde, notre raison, passaient la frontière des normes ? Si nous nous retrouvions seuls ?

The Dark Horse est un film social néo-zélandais au montage rapide, au scénario travaillé à la dentelle, aux comédiens dirigés avec précision. Pas une longueur, pas un cadre bringuebalant, mais de l’humour, de la tendresse et un sens acéré du cinéma auquel nous rendons hommage.

A propos D. T. 11 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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