[BIFFF 2024: jour 2]: des chansons, des zombies, des montres et un gagnant du Lotto

Kryptic

Démarrer le BIFFF en étant fatiguée : c’est fait.

Démarrer le festival directement au ciné 2 sans passer par la case 1 :  c’est fait.

Démarrer avec un bon film : c’est franchement fait.

Ce ne sera peut-être pas l’avis des types à ma gauche qui n’ont cessé de faire des oh et ah et des muhuhuhuuu « c’est quoi ce film » par contre. Effectivement, il faut avoir un grain de sensibilité féministe et avoir l’esprit un peu décalé vers la gauche-wokiste pour apprécier ce film.

Et je vous le donne en 11 jetons (prix d’un cocktail tout de même), c’est mon cas.

On démarre avec Kay Hall dans sa voiture qui se persuade qu’elle est tout à fait capable de se faire des amis. Perdu. Pendant la charmante randonnée qu’elle fait avec d’autres femmes, elle va bifurquer, menée par sa curiosité et son incapacité sociale à créer des liens, sur un autre chemin.

Dans une lumière splendide et une bande originale, vraiment exceptionnelles, elle va faire la rencontre du Sooka qui semble en même temps que de lui avoir ôté une partie de ses souvenirs semble lui avoir donné un étrange goût pour les liquides corporelles masculins.

J’en reviens à ses types pas emballés par l’histoire qui seront saisis d’un éclair divin et diront « ah, mais peut-être qu’il y a un sous-texte qui parle du fait que le Sooka c’est comme le mari violent ».

Quoi, non… Un spoiler de sens ?

J’arrête là pour vous dire de vraiment aller le voir. Dans la catégorie White Raven, il se pose là.

Il est beau, c’aurait été un peu triste sachant que Kourtney Roy, la réalisatrice, est photographe et sait s’entourer.

Il est hypnotique, éthéré, touchant, un peu chiche sur les liquides corporels, surtout, il est puissant.

Autant vous dire que ça a été un régal de hurler Welcoooooooome pour accueillir le début de mes festivités.

Pour agrémenter mes critiques, je noterai les performances vocales des intervenants. Ici, nous démarrons avec un bon 7/10 pour la réalisatrice qui n’a fait aucune manière et s’est lancée de suite. E.K

The Sin

Je ne vais pas déjà sortir ma carte Kamoulox, il est trop tôt.

The Sin, c’est un marabout-bout de ficelle coréen sur grand écran. Attendez, est-ce que je n’aurai pas déjà fait ce parallèle l’année passée avec un autre film ? Ne suis-je qu’une redite de moi-même ? Le BIFFF est-il bloqué dans une boucle ? Ai-je ma place comme journaliste ? Vais-je trop loin dans mes questions ? Est-ce qu’on ne s’en fout pas un peu de ce que je raconte ? Est-ce que j’essaye encore de gagner du temps avant de parler de ce film ?

Ça démarre en douceur, on assiste au tournage d’un film expérimental de danse. Ce qui nous offre des scènes, faisant partie des moments les plus remarquables et poétiques, diablement belles. La chorégraphie est magnifique et est magnifiquement filmée.

Yun-hye Kim qui interprète Siyeong est magistrale dans son rôle, dominant le film avec sa performance laser.

Il faut aussi noter le sound design qui nous plonge très efficacement dans une atmosphère tendue et ésotérique.

Ça, c’est la première partie.

Ensuite, il y a la partie zombie (oui, comme ça). Elle est aussi réussie que la partie danse. C’est rythmé, c’est suspendu, c’est drôle. On aime la chorégraphie des zombies et leurs vocalises.

Puis il y a la partie révélation de plan machiavélique, puis la partie revenge un peu porn, puis la partie croisade contre le mal.

Un saute-mouton de genres pour arriver au fameux péché qui a tout fait foirer.

Le film pèche au niveau de sa narration : ce n’est pas confus, c’est touffu, trop touffu et donc on finit par ne plus voir ce qu’il y a derrière. Il aurait gagné à se faire décapiter de quelques scènes (SVP, show don’t tell, quelques minutes précieuses pour ne pas tomber dans le péché de paresse auraient été gagnées).

Mis à part ça, mis à part les longueurs et largeurs, The Sin et son réalisateur Dong-seok Han n’auront pas à expier leurs fautes.

Point chant 9/10 (je suppute déjà la meilleure performance du festival.)

Dong-seok a un très joli brin de voix, on demande un rappel. E.K

Your lucky Day

Inspiré de la notion de rêve américain qui tourne mal (forcément), Your Lucky Day est un des premiers film de cette quarante-deuxième édition de BIFFF. Le film est le dernier de l’acteur Angus Cloud, connu pour sa performance dans la série Euphoria et qui nous à quitté l’été dernier. Il reprend ici un rôle de dealer nommé Sterling, tout aussi malchanceux que dans Euphoria puisqu’il se fait voler sa drogue durant la première scène. Sans argent et sans moyen d’en faire, il se retrouve au bon moment et au bon endroit, dans une épicerie de nuit, lorsqu’un heureux gagnant du lotto se déclare. 156 millions de dollars pour une seule personne c’est beaucoup, d’autant plus pour quelqu’un qui n’en a pas vraiment besoin et qui aime le faire savoir. Sterling décide de tenter le vol du billet en sortant son arme. L’opération se passe assez mal, les coups de feux partent et des balles se perdent. Un couple de futurs parents et le gérant de l’épicerie sont témoins et se retrouvent donc otages de Sterling. S’en suit un huis clos bien pensé, avec des personnages variés, humains, manipulables et pour certain.e assez malins. Plus l’histoire avance et plus la notion d’otage devient floue.

Your Lucky Day parvient de brouiller les notions de personnages cent pour cent gentil ou cent pour cent méchant. L’intrigue permet de se poser la question de ce que l’on pourrait accepter de faire pour partager une partie du ticket gagnant. Jusqu’ou peut-on aller pour toucher quelques millions? Que peut-on accepter de faire et jusqu’ou peut-on mentir pour s’en sortir? Comment vivre avec des mensonges et un sentiment de culpabilité? A.S.

The Moon Thieves

Alors que les films de braquage sont devenus un genre à part, avec des films devenus de grands classiques comme la série des Ocean rassemblant un panel étendu de stars dans le genre comédie, des œuvres plus dures et violentes comme Heat ou The Town ou encore récemment une série comme Kaleidoscope où l’ordre des actions ne semblait plus avoir d’importance, on se demandait à quelle sauce  The Moon Thieves, le nouveau film de Kim Wai Yuen venu en droite ligne de Hong Kong, allait nous manger ?

Vincent Ma est un escroc, un génie de l’horlogerie, spécialisé dans les montres anciennes. Impliqué dans un marché douteux avec la pègre locale, il est obligé de rejoindre une équipe chargée de voler 3 montres d’exception à Tokyo. Un plan prétendument parfait… Qui ne résistera pas aux envies, ego et histoires de chacun des membres impliqués.

Tous les éléments d’un bon film de braquage sont là… une préparation minutieuse, des moments de plus forte tension sur le lieu du crime qui mettront les nerfs des spectateurs à rude épreuve, de nombreuses scènes d’action – particulièrement relevées, dans la droite ligne de ce que le meilleur du cinéma de Hong Kong peut nous donner – ainsi que des retournements de situation qui vous feront douter de ce que vous avez vu auparavant.

Un tableau extrêmement plaisant donc, complété par un casting de célébrité – les principaux acteurs sont membres du groupe de pop Mirror – qui nous fait dire que cette œuvre se rapproche de la franchise des Ocean à la sauce cantonnaise. Une recette particulièrement réussie qui nous a fait passer un excellent moment pour ce second jour de BIFFF. V.P

Elodie Kempenaer, Anaïs Staelens et Vincent Penninckx