[BIFFF 2021 online : Jour 10] A History of Black Horror

Horror Noire : A History of Black Horror

« Il est noir donc il ne va pas passer le premier quart d’heure du film. » Un cliché devenu un véritable running gag dans le cinéma de genre. Mais ce « running gag » a d’autres implications qu’une blague de mauvais goût et dénote d’une tendance bien réelle dans le cinéma que nous aimons. C’est cette tendance que le documentaire Horror Noire interroge avec pertinence et à l’aide d’un véritable travail de fond. De Naissance d’une Nation à Annabelle en passant par Freddy, Vendredi 13 et de nombreux autres films, le documentaire parcourt plusieurs décennies de cinéma fantastique et d’horreur. Avec une même conclusion : le rôle des acteurs noirs est bien souvent résumé aux mêmes stéréotypes tout au long des productions. Qu’il soit victime sacrificielle, sidekick du héros (la plupart du temps blanc) ou portion congrue, le personnage noir est bien souvent relégué aux oubliettes dans un type de cinéma qui prône pourtant l’anti-conventionnel et l’ouverture d’esprit.

Bien entendu, nous avons toutes et tous des réalisations qui démontrent le contraire.  Que ce soit Ben (Duane Jones) dans La Nuit des Morts vivants ou Peter (Ken Foree) dans Zombie, le cinéma d’horreur a évolué au fil des années. Et comment oublier bien entendu Tony Todd dans le rôle de Candyman ? Todd et Foree font d’ailleurs partie des nombreux acteurs et réalisateurs noirs qui nous livrent leur décodage, leur perception et leur vécu d’une ostracisation ethnique dans le cinéma fantastique et d’horreur. Avec en point d’orgue bien entendu le témoignage de Jordan Peele dont on ne présente plus le fantastique Get Out.

Fascinant, pertinent, formidablement sourcé et toujours très juste, Horror Noire est sans conteste un documentaire qui passionnera tous les amateurs de cinéma de genre. Quelle que soit la couleur de leur peau.

Bring Me Home : COREAN ROAAAAAAAAADS

Rien à voir avec le Take Me Home de John Denver, ce Bring Me Home troque la Virginie et sa consanguinité pour la Corée et son ambiance pas tellement plus saine. Tout du moins dans le film de Seung-woo Kim. Parce que je préfère vous prévenir tout de suite : Bring Me Home est sûrement la chose la plus éprouvante que j’aie eu à regarder depuis la tête de Umtiti en demi-finale de la Coupe du Monde. Sombre, cru et d’une réalité parfois glaçante, il nous raconte la quête de Jung-yeon pour retrouver son fils enlevé depuis 6 ans. Et même quand son mari abandonne les recherches pour cause de camion en pleine face, elle refuse de s’en laisser compter. Ce qui la mène à un village de pêcheurs où le concept de moralité est aussi éprouvé que le misérabilisme dans un film des frères Dardenne.

Véritable fable sombre, Bring Me Home est inclassable mais trouve tout de même parfaitement sa place dans la programmation du BIFFF. On y retrouve une tension permanente et un sentiment d’urgence glaciale qui ne nous quitte pas de tout le film. Et dire que ce n’est que le premier film réalisé par Kim Seung-woo. Rendez-vous compte. C’est un peu comme si Eminem avait débuté sa carrière en nous balançant Lose Yourself. En voilà un que nous sommes impatients de retrouver dans les prochaines années au BIFFF ou ailleurs.

Méandre : Les Simpsaws l’ont déjà fait

Tout amateur de film d’horreur le sait : regarder un film de genre français c’est parfois risqué. Si t’as de la chance, tu tombes sur un Martyrs et si tu n’en as pas eh ben tu vas te taper Brocéliande. Et je ne vais pas vous mentir, au moment de commencer Méandre, j’étais dubitatif comme un écologiste devant une voiture électrique. Et la première demi-heure donnait raison à mes doutes. Jugez plutôt : Lisa se fait kidnapper et se réveille dans un conduit fermé avec un bracelet qui lui donne le temps qu’elle a devant elle. Elle va ainsi devoir se faufiler et ramper dans des conduits où elle va rencontrer des pièges sanglants et sadiques qu’elle va devoir éviter. Et à ce moment, t’as juste envie de crier « t’es gentil Mathieu Turi (ndlr : le réalisateur du film) mais Saw et Cube l’ont déjà fait ! ».

Et puis, Méandre introduit petit à petit quelques éléments plus intéressants. Une histoire un peu plus épaisse et étoffée, un petit délire mystique, des détails qui donnent plus d’intérêt à l’histoire. Et je dois bien dire qu’au final, on s’y fait et on en vient même à apprécier l’expérience. Un peu comme quand tu ouvres un paquet de Cheetos et que tu commences rebuté par l’odeur de chaussette pourrie de ces chips pour au final terminer le paquet vitesse grand V. Alors non, Méandre n’est pas un chef d’œuvre mais le film a le mérite d’apporter une touche originale à un genre où le renouvellement n’est pas assez souvent encouragé. Et ça, on aime.

A propos Olivier Eggermont 117 Articles
Journaliste du Suricate Magazine