[BIFFF 2019 : Jour 10] Des fantômes et du nanar pour une bonne soirée/nuit

Door Lock : paranoïaque et claustrophobe

Inspiré du film Mientras duermes du réalisateur espagnol Jaume Balagueró, Door Lock est loin d’être un remake plan par plan de l’original. Là où le réalisateur espagnol s’attachait à suivre les pas du harceleur, Lee Kwon s’intéresse dans Door Lock à la victime de celui-ci.

Kyung-min vit une vie normale d’employée de banque à Séoul, tout en louant un petit studio. Pourtant, la peur commence à s’insinuer en elle lorsqu’un soir, quelqu’un tente de s’introduire dans son studio. Et les propos injurieux et menaçants d’un client à la banque ne font qu’aggraver son malaise. Malgré le soutien de sa collègue, les choses semblent empirer, les détails étranges commençant à s’accumuler dans la vie de Kyung-min.

Door Lock est un thriller psychologique efficace qui joue sur nos peurs, notamment du noir et des espaces clos, pour garder une tension constante du début à la fin. Il nous montre également à quel point, dans un environnement aseptisé et déshumanisé, la peur peut s’installer facilement, faute de voisins ou d’amis sur lesquels on peut compter. Et c’est d’autant plus vrai pour une femme seule, la société en elle-même semblant jouer le rôle du prédateur dans ce film.

Le réalisateur sait habilement faire monter la tension en suggérant beaucoup plus qu’en montrant réellement, et ce grâce à une foule de détails mais aussi via les images de caméras surveillance ou des échanges par smartphone. Les réalisateurs coréens nous ont habitués à un travail soigné, et il faut encore une fois saluer ici le travail sur la photographie et les ambiances, qui apportent une réelle plus-value au film.

Thriller efficace, Door Lock insufflera une bonne dose de paranoïa aux spectateurs, qui risqueront de devenir claustrophobe après la vision de ce film. Un film à ne pas manquer pour ceux qui veulent se faire peur, seul dans leur petit studio le soir. Après avoir fermé la porte à double tour bien entendu.

Extra Ordinary : le GhostBuster des barakis 

On a encore pu le constater cette année au BIFFF: la comédie fantastique ou d’horreur a le vent en poupe. On ne compte plus les petits rejetons de Shaun of the Dead, Dead Snow ou encore Evil Dead 2 et on ne va pas bouder notre plaisir puisque le genre nous amène souvent des films jouissifs qui arrivent à chauffer le public du BIFFF comme une veuve cinquantenaire dans une fête estudiantine. Et bien entendu, ce Extra Ordinary ne va pas déroger à la règle. Après une nouvelle victoire des rouges à la course de rafting grâce à une tricherie manifeste et intolérable (mais que fait la police ?) ce film de Enda Loughman et Mike Ahern tombait à pic. Tout comme Rose, psychique désespérée et à la vie sexuelle aussi enthousiasmante qu’un épisode de Thalassa. Elle va faire la connaissance de Martin qui quant à lui se fait emmerder par le fantôme de sa femme. Non contente de les lui briser de son vivant, la garce a décidé de continuer après être passée à trépas. Et vu qu’au Suricate, nous sommes des reporters hors pairs, on s’est renseigné et faire l’amour avec un fantôme, ça s’appelle de la spectrophilie (merci Google). Ce qui nous a mené à ce magnifique article de 7 sur 7 intitulé « J’ai fait l’amour avec un fantôme et ça m’a plu ». Dans celui-ci, Natasha se fait manifestement violer par un fantôme et nous déclare : « J’ai juste décidé de me détendre et c’était très, très plaisant. J’ai vraiment aimé ça ». Merci 7 sur 7.

Bref, Extra Ordinary nous revisite l’univers de GhostBuster à la sauce baraki anglaise et non sans un certain talent. Si le film a un creux après 45 minutes, les dernières 20 minutes sont jouissives et assez barrées pour mettre tout le monde d’accord. Un bon petit film qui pourrait bien avoir ses chances pour le Prix de la Critique.

Nanarland : la chronique sans blagues du festival  

C’est en 1991 que je venais au monde, en même temps que Samurai Cop, film américain réalisé par Ami Shervan. Un film qui était diffusé au BIFFF ce vendredi soir pour la séance de 00h30 au ciné 2. Le BIFFF, festival du film fantastique de Bruxelles mais aussi et surtout un véritable repaire de malotrus ne sachant pas respecter ceux qui veulent voir un film pour leur plaisir. Cela a commencé dès le générique d’entrée (très peu réussi d’ailleurs, il donnait l’impression d’avoir été fait à la va-vite et avec des bricolages de maternelle) avec des vulgarités et autres « à droite », « welcome » et insanités criées par un public qui, visiblement, n’était pas venu pour voir le film. Nous nous mettions quand même tant bien que mal dans l’ambiance de ce Samurai Cop en tentant de faire abstraction des beuglements avinés de nos camarades de salle. Bien mal nous en a pris. Le film nous raconte l’histoire de d’un soi-disant samouraï américain venu pour démasquer un gang chinois (ou japonais, on ne sait plus vraiment). Malheureusement, les effets spéciaux sont très mal réalisés et le jeu d’acteur n’est vraiment pas bon. Le scénario ne tient pas du tout la route et les personnages se perdent dans des scènes de bagarre sans queue ni tête. Rendez-vous compte : l’acteur principal a même dû retourner des scènes quelques mois plus tard avec une perruque largement visible à l’écran. Quel manque de professionnalisme ! Nous ressortons donc déçus de ce premier film de ce Nanarland en espérant que le second pourra assouvir notre envie insatiable de qualité cinématographique (la raison de notre venue en premier lieu). Ou alors je n’ai pas tout compris et je suis encore saoul ?

Comme l’a dit Churchill : « Le cheval est dangereux devant, dangereux derrière et inconfortable au milieu. »

Troll 2 : chronique indisponible pour cause d’abus manifeste de maitrank, vin aromatisé saisonnier, spécialité de la région du Pays d’Arlon en Belgique, obtenue par la macération dans du vin blanc de Moselle luxembourgeoise, d’inflorescences d’aspérule odorante – qu’on appelle encore « reine des bois » ou « faux muguet » et qui fleurit au mois de mai, d’où le nom – auxquelles on ajoute du sucre, des oranges en tranches et du cognac.

Aïe ma tête.