« Ballon, le vent de la liberté » : une adaptation gonflée de la réalité

Ballon, le vent de la liberté
de Michael Herbig
Drame, Histoire
Avec Friedrich Mücke, Karoline Schuch, David Kross
Sortie le 17 avril 2019

Allemagne de l’Est 1979, Peter Strelzyk et Gunter Wetzel ne veulent pas voir leurs enfants grandir dans un monde de répression. Les frontières terrestres étant hautement surveillées, les deux familles escamotent un plan d’évasion aussi fou qu’ingénieux : ils rejoindront l’Ouest en montgolfière !

Quarante ans plus tard, cette histoire incroyable et pourtant vraie est à nouveau portée à l’écran – puisqu’elle a déjà fait l’objet d’un premier long-métrage en 1982 – dans Ballon, le vent de la liberté. Et si le réalisateur allemand Michael Herbig revendique le caractère authentique de son scénario, il n’hésite pas non plus à exagérer un peu la réalité. Alors oui, Strelzyk et Wetzel étaient très vraisemblablement deux rêveurs dont le manque de méthode a fait échouer une première tentative de vol – échec qui a aussi très vraisemblablement éveillé les soupçons des stasis. Mais faire croire aux spectateurs que la manière dont la chasse à l’homme qui est ensuite menée contre les deux familles est fidèle aux faits, c’est le prendre pour un imbécile. Le film de Michael Herbig est parsemé de scènes peu crédibles mais qui, comme par hasard, soit rajoutent de la tension, soit permettent aux héros de se sortir indemne d’une situation peu confortable. Ballon, le vent de la liberté est un film « basé sur une histoire vraie » mais aussi un thriller haletant, très hollywoodien, dans lequel les gentils sont en fait les criminels.

Mis à part le contexte, Ballon, le vent de la liberté ne se vend pas tellement comme un film historique, ni même vraiment politique – quoiqu’il nous ramène à ces problématiques encore très actuelles que sont les frontières et la migration. L’accent est mis sur l’aventure en tant que telle, avec une certaine dose de suspens, plus que sur les raisons qui l’ont poussée à se produire. Des familles Strelzyk et Wetzel et de leur situation en Allemagne de l’Est, le spectateur ne sait finalement pas grand-chose.

L’histoire vraie devient alors un prétexte pour illustrer une épopée captivante et développer une esthétique un peu vintage pas déplaisante. Et peu importe finalement si la réalité est grossie car Ballon, le vent de la liberté réussit son pari : celui de garder le spectateur en haleine pendant deux heures.