Le rire de l’ogre, réflexion sur le mal et nos propres peurs

Dessin : Sandrine Martin
Scénario : Sandrine Martin (roman de Pierre Péju)
Edition : Casterman
Sortie : 12 septembre 2018
Genre : Drame, Historique

Les éditions Casterman ont sorti au mois de septembre l’adaptation en BD du roman de Pierre Péju, le rire de l’ogre. C’est Sandrine Martin, auteure de bande dessinée et illustratrice, connue pour l’album Niki de Saint-Phalle le jardin des secrets, qui s’est chargée de l’adaptation.

Été 1963, Paul Marleau, un jeune Français, séjourne chez son correspondant, dans la ville allemande de Kehlstein. Ils ont peu en commun, mais heureusement, il rencontre la jolie Clara, laquelle a un fort ascendant sur lui. Elle s’intéresse à ses croquis, lui a ses films. L’été s’achève, le garçon retourne à Paris où il vit avec sa mère, veuve depuis que son époux a été assassiné dans les jardins du Luxembourg. De part et d’autre de la frontière, des questions liées à leur passé viendront les hanter et au fur et à mesure de leurs retrouvailles et séparations, continueront à nourrir leurs réflexions sur ambiguïté de l’homme et le mal qui, inlassablement, resurgit…

Il n’est jamais facile d’adapter un roman en bande dessinée, mais Sandrine Martin nous livre un récit cohérent, avec plusieurs clés de lecture. Même si elle ne fait qu’effleurer certaines thématiques, la division du récit en chapitres représentant différentes époques permet au lecteur de se faire une idée des différents tenants et aboutissants. Certains lecteurs y verront l’histoire du passage à l’âge adulte, celle d’un adolescent timide et maladroit qui découvre ses sentiments amoureux et tente de donner un sens à sa vie grâce à une adolescente aussi mystérieuse que lui. D’autres s’attacheront aux symboles qui parsèment le récit et s’interrogeront sur la résurgence du mal mais surtout sur les conflits intérieurs qui peuvent insidieusement ronger notre existence.

Graphiquement, les couleurs dominantes sont le rouge, celui du sang, de la violence mais aussi de la passion ainsi que le bleu.

Lire la bande dessinée ne remplacera pas la lecture du roman, néanmoins, Sandrine Martin réussit avec brio l’adaptation du roman de Pierre Péju, le rire de l’ogre. On s’intéresse aux personnages et aux questions philosophiques sous-jacentes et chaque lecteur, en fonction de ses intérêts, découvrira le récit selon une clé de lecture spécifique.