De Renaud Merviel, mise en scène de Déborah Krey, avec Renaud Merviel et Julien Goetz. Au Théâtre la Factory – Chapelle des Antonins à 14h20 du 7 au 29 juillet (relâche les 10, 17 et 24 juillet).
Il est facile, sous couvert d’un masque factice, de dissimuler une violence, qu’elle soit psychologique ou physique. Encore aujourd’hui, de nombreuses personnes parmi lesquelles figurent des enfants subissent cette violence de l’ombre au sein même de leur famille. C’est pour cette raison qu’il est d’autant plus important de prêter attentions aux signes, d’être à l’écoute et de dénoncer ces actes de violences. C’est d’ailleurs cette volonté de sortir ce sujet de l’ombre qui a poussé Renaud Merviel à écrire Deux frères.
Le décor consiste en un piano d’un côté, quelques caisses et un porte manteau de l’autre, un manteau d’ailleurs déjà présent symbolisera le personnage du père. Un écran noir au fond permettra également à l’un ou l’autre des acteurs de disparaître lorsque nécessaire. La mise en scène utilise chaque accessoire présent sur scène de différentes manières et alterne entre des scènes explicatives et des scènes reproductive. Les transitions sont parfois un peu brutes mais l’ensemble fonctionne.
L’histoire est celle de Renaud, interprété par Renaud Merviel, et d’André, interprété par Julien Goetz. Ces deux frères grandissent au sein de la même famille, et pourtant Renaud subit la maltraitance de leur père tandis qu’André est épargné. Julien Goetz, plein de vie et pétillant, nous accueille dans la salle comme des amis tandis que Renaud Merviel nous attend au piano. Tandis que tout le monde s’installe, les deux acteurs entrainent le public entier dans une interprétation quelque peu hésitante mais oh combien joyeuse de Bohemian Rhapsody. Si le personnage d’André demeure dans le même ton gai, la plupart du temps, fidèle à son personnage, Renaud rejoint bien vite le sien également en nous révélant un jeu sombre et torturé. Les deux acteurs nous montrent une véritable complicité digne des deux frères qu’ils interprètent, dans un jeu parfois jovial, parfois plus sombre et interpellant, et d’une sensibilité prégnante à nous faire monter les larmes aux yeux. Avec énergie les comédiens parviennent à nous dévoiler toute l’horreur subit par le personnage de Renaud tout en conservant un peu de couleur grâce à leur belle connivence et la gaité apportée par le personnage d’André.
Malgré des transitions parfois un peu brutes, ce spectacle n’en est pas moins émouvant et drôle, attendrissant et déchirant. Nous retrouvons dans Deux frères un accent de vérité terriblement bouleversant mais également terriblement nécessaire.