« Anarchy in the U.S.E. », le libéralisme poussé à l’extrême

Titre : Anarchy in the U.S.E.
Auteur : John King
Editions : Au Diable Vauvert
Date de parution : 8 septembre 2022
Genre : Roman, dystopie

Rupert Ronsberger est un Bon Euro, un Crate-Bureau (B+) qui fait partie de la grande hiérarchie de travailleurs dévoués à la cause de l’U.S.E. (United States of Europe). Il est méthodique, concentré et ambitieux. Travailleur à Londres, son rêve ultime et déclaré est de gravir les échelons jusqu’à devenir un Contrôleur et pourquoi pas s’installer à Bruxelles (capitale de l’U.S.E.) ou même à Berlin. Fanatique, il est totalement convaincu des vérités répandues par l’U.S.E. Son idole s’appelle Horace Starski. Contrôleur installé à Bruxelles, Horace Starski est l’un des hommes qui a permis la réussite de la création de ce grand Etat. Les vérités, il les connait. Les mensonges aussi. D’ailleurs, une petite part de lui regrette parfois le monde et la femme qu’il a dû abandonner pour devenir un des hommes les plus influents de l’U.S.E.. Quelque part dans un petit village en banlieue londonienne vit Kenny. Il habite dans les territoires non encore colonisés par l’U.S.E. et résistant aux assauts subtils mais pressant de cette dictature qui voudrait bien éliminer toute trace de britannicité du territoire. Kenny, avec son entourage, résiste à coup de bières pression, de musique live et de livres. Quelque part à l’abri, Kenny garde précieusement les livres qu’il parvient à sauver de la destruction dans sa bibliothèque clandestine. Mais là, il s’apprête à partir en mission spéciale à Londres, mission de laquelle il n’est pas sûr de revenir vivant.

L’U.S.E. est une dictature moderne directement inspirée du 1984 de Georges Orwell. Les citoyens y sont surveillés (presque) de leur plein gré via la Paume, évolution de notre smartphone, directement greffé sur la main et donnant accès à toutes les informations diffusées sur l’Interzone. C’est un Etat libéral poussé à l’extrême, défendant les libertés individuelles à condition que celles-ci entrent dans les clous. C’est ainsi que la prostitution est institutionnalisée, la pédophilie totalement acceptée, etc. L’Histoire est manipulée au profit de l’U.S.E.. Staline et Hitler sont des héros ayant essayé en leur temps d’unir les territoires de l’Europe. Churchill quant à lui est le plus grand menteur de l’Histoire. Les animaux sont des sous-humains n’ayant pour seules fonctions que de divertir et nourrir les humains. Ils sont transportés vers les abattoirs dans des grands tunnels de verre ou torturés en boîte de nuit pour que tout le monde profite du spectacle. L’U.S.E., c’est aussi le monde de la surconsommation et du capitalisme.

John King nous plonge dans un univers dystopique, tyrannique dans lequel la réflexion n’existe plus, où l’endoctrinement des masses a atteint son paroxysme et où l’individualisme règne en maître. L’auteur utilise l’art de la satire et pousse à l’extrême les situations les plus choquantes afin de les dénoncer. Ce livre n’est donc pas pour les âmes fines et sensibles. On notera cependant quelques points négatifs. En effet, l’installation du contexte est assez laborieuse et le lecteur doit faire un effort de concentration et d’assiduité afin d’entrer pleinement dans le vif du sujet. De même, la fin ne laisse que peu d’espoir pour la suite des événements et laisse le lecteur quelque peu dépité. Un bilan mitigé pour un roman qui atteint son but mais laisse un petit goût amer de déception une fois la dernière page tournée.