Alzheipère de Xavier Benout aux Riches Claires jusqu’au 28 octobre

De Xavier Benout, mise en scène de Peggy Thomas, avec Eric De Staercke et Xavier Benout. Du 12 au 28/10/2017 au Théâtre des Riches Claires.

Alzheipère, une comédie sur la maladie d’Alzheimer qui décrit la manière dont elle touche tout un système.  Cette histoire entrelace plusieurs vies : celle d’un père dont la mémoire s’effiloche et celle d’un fils qui l’accompagne de son mieux. Xavier Benout nous raconte différentes facettes de cette maladie. Au travers d’idées reçues et clichés, il parvient à nous témoigner d’une histoire sincère et touchante, parce que finalement, il s’agit bien de cela : une histoire d’amour qui se tricote, s’effiloche, se construit et se déconstruit, de manière simple et complexe à la fois.

Dans un premier temps, le père dresse rapidement son portrait et son histoire de vie. L’auteur glisse ensuite dans les stéréotypes de la maladie : l’isolement, la dépendance au niveau de la mobilité, l’alcoolisme. Les clichés et les croyances se présentent mais finalement, quand la personne exprime qu’elle n’est pas malade et qu’il s’agit de l’interprétation de sa maladie, ça laisse planer le doute et davantage lorsqu’il reproche à son enfant de le faire passer pour un chtarbé.

Les mots bredouillent, se mélangent et expriment l’émotion quand ce fils nous raconte comment cet Alzheipère s’est mis à  grignoter sa relation avec son père. Cette histoire avance sans possibilité de retourner en arrière jusqu’au besoin d’aide. Xavier Benout nous dépeint alors le triste portrait des institutions ouvertes et fermées accueillant les personnes fragilisées. « Bienvenue au moyen âge moderne, bienvenue dans ce qui nous attend ». Les mots sont forts et c’est avec une colère déguisée et sublimée par l’humour que Xavier Benout dénonce et pointe du doigt ce qu’il se passe dans nos modèles de prises en charge actuelles.

Les mots choquent et font rire. Le rire met de la légèreté dans cette lourdeur. Il faut alléger le fardeau des aidants proches pour leur permettre de redevenir des aimants proches. On parle également de ce pari du sens dont l’entourage s’arme. Les événements sont-ils vrais ? Est-ce à l’endroit ou à l’envers ? Pour qui ? Cette question du sens s’oriente et se désaxe.

Finalement, Xavier Benout nous témoigne avec simplicité, sincérité et émotion une histoire d’amour d’un père et de son fils sous ses facettes et vérités émotionnelles. Ce sont ces dernières qui comptent et restent gravées. Au travers de cette comédie qui bouleverse le cœur, on apprend que jusqu’au bout, la vie se vit et se rit.