Pierre-Emmanuel alias PE : « optimiste, il faut l’être pour exercer le métier d’humoriste ! »

Humoriste polyvalent surfant sur le « trash convivial », Pierre Emmanuel alias PE revient sur scène avec son deuxième spectacle «Optimiste ». Le Suricate a rencontré l’artiste made in Belgium pour un entretien en toute légèreté.

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Pourquoi avez-vous choisi le métier d’humoriste ?

En fait, j’ai commencé par des cours de théâtre à Namur et je faisais de l’art dramatique. Mais je n’avais pas du tout la maturité pour véhiculer les bonnes émotions. On m’a rapidement dit : « laisse tomber l’art dramatique, ce n’est pas pour toi, lance-toi plutôt dans l’humour ». Alors j’ai écouté et … Je me suis bien planté au début ! J’ai fait des gros bides (rires) mais il faut continuer le spectacle jusqu’au bout même s’il n’y a aucune réaction. Il faut s’accrocher, se chercher et se trouver. Surtout que les opportunités ne sont pas nombreuses dans notre plat pays. Dix ans déjà que je monte sur scène et c’est vraiment difficile de percer dans ce milieu en Belgique. C’est pour ça que j’ai appelé mon deuxième spectacle « Optimiste ». Il faut l’être pour exercer le métier d’humoriste !

Vous définissez votre humour comme « trash convivial » ? Qu’est-ce que cela signifie ?

Cela veut dire que je ne me donne aucune limite dans les sujets qui m’intéressent. J’essaie de mettre de la légèreté, de trouver des angles qui peuvent être amusants pour faire rire le public. Car selon moi, quand un sujet est lourd, on n’a pas besoin de le rendre encore plus lourd. Par exemple, je compare les terroristes à des Youtubeurs : ils font aussi des vidéos dans lesquelles ils déblatèrent des âneries. Je préfère donner cette image-là plutôt que l’image d’un gars qui se fait exploser dans un métro… J’ai toujours défini mon humour comme « trash convivial » mais j’ai aussi mûri entre mon premier spectacle « Chic et Choc » et « Optimiste ».

En quoi les deux spectacles diffèrent-ils ?

« Optimiste » sera clairement moins choc que mon premier spectacle. Il faut dire qu’à l’époque, je choquais pour choquer dans le but de me sentir exister. Au bout du compte, ça ne me correspondait pas vraiment. Si je dois choquer les spectateurs, je le fais s’il y a une réelle raison de le faire. On peut toujours rire de tout avec tout le monde, tout dépend de la façon dont on aborde le sujet. Je parlerai pas mal de la presse dans mon spectacle vu le contexte inédit que l’on est en train de vivre ici. Mais mon but est avant tout de faire rire et non plus de choquer.

Vous réalisez également des capsules vidéo sur votre page Facebook. Est-ce une tendance à suivre ou une réelle volonté de votre part ?

Beaucoup d’amis m’ont conseillé de me lancer également dans cette voie car c’est important pour augmenter sa visibilité. Donc oui, je l’ai surtout fait parce que cela semble indispensable de nos jours… Mais comme je m’intéresse à fond à l’actualité et que j’aime rebondir sur ce qu’il se passe, m’exprimer à travers la vidéo est une chouette expérience et un exercice particulier. L’humour sur scène est une autre rythmique, tout comme les chroniques en radio que je réalise depuis septembre dans l’émission « C’est pas sérieux » de La Première. La radio est pour moi l’exercice le plus complexe car on cible les auditeurs sans avoir un seul contact, ni retour. Mais c’est vraiment intéressant de découvrir l’humour sous tous les angles. Mon rêve ultime reste tout de même la scène car j’adore le contact humain et pouvoir interagir avec la salle.

Comment trouver sa place dans ce milieu impitoyable ? Vous inspirez-vous d’autres humoristes ?

Il faut être sincère et ne suivre les traces de personnes. Avant, je m’inspirais. On me disait de prendre exemple sur certains humoristes qui cartonnaient à l’époque mais ça fait doublon est ce n’est pas le but. J’apprécie l’humour de Gad Elmaleh ou Jamel Debbouze, mais je n’ai pas envie de véhiculer l’humour de la même manière qu’eux. Et puis ce n’est pas vraiment le rêve de recevoir des remarques comme « tu m’as fait penser à cet artiste ».

Avez-vous des projets en cours ?

J’ai remporté la sélection « Jeunes talents » du Voo Rire de Liège, organisé par les frères Taloche en octobre 2015. J’ai donc la chance de pouvoir me rendre au Marrakech Du Rire à Québec et en Suisse. C’est une très belle expérience.

Pensez-vous que cette expérience pourra vous propulser ?

Je n’ose même plus penser à ce qui pourrait me propulser ou pas… En dix ans, j’ai eu le temps de me faire des fausses idées : je suis tombé sur des producteurs qui pensent l’être mais qui ne le sont pas du tout, pareil pour des soi-disant organisateurs de spectacle. Ce milieu est rempli d’individus louches… Donc oui, je suis ravi à d’aller au Marrakech Du Rire mais je ne cherche pas à tout prix à savoir ce que cela pourrait m’apporter. On va dire que je n’essaie pas de manger plus que ce que je n’ai déjà mangé (rires).

Pour assister au spectacle « Optimiste » de Pierre-Emmanuel, rendez-vous au Centre Culturel d’Auderghem, du 24 au 27 mai 2016. Tickets disponibles via www.tontonticket.be

A propos Uyen Vu 53 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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