Cherchez la femme, peut-on rire de tout ?

Cherchez la femme

de Sou Abadi

Comédie

Avec Félix Moati, Camélia Jordana, William Lebghil, Anne Alvaro, Carl Malapa

Sorti le 2 août 2017

Étudiants à Science Po, Armand et Leila sont en couple et projettent de partir ensemble à New York pour suivre leur stage de fin d’études. Mais quand Mahmoud, le grand frère de Leila, revient totalement radicalisé d’un long séjour au Yémen, il empêche sa sœur de voir son compagnon, de partir en voyage, et même de sortir de l’appartement familial. Armand décide alors d’endosser l’identité d’une certaine Shéhérazade, dissimulé sous un voile intégral, pour pouvoir continuer à visiter sa petite amie. Mais Mahmoud ne reste pas insensible au charme discret de Shéhérazade….

Pour son premier long métrage de fiction, la réalisatrice française d’origine iranienne Sou Abadi a décidé d’écrire une comédie s’inscrivant dans un contexte d’actualité très concret, mais s’inspirant également d’expériences personnelles. Si elle cite volontiers des références telles que Certains l’aiment chaud de Billy Wilder, ou encore Cyrano de Bergerac, Sou Abadi s’attaque surtout à un sujet brûlant, sur lequel tout le monde a plus ou moins un point de vue ou en tout cas un angle d’approche, et qui soulève une nouvelle fois l’éternelle question : « peut-on rire de tout ? ».

Cherchez la femme n’hésite certes pas à prendre le sujet de la radicalisation de front, même si tout est passé à la moulinette de la comédie française grand public, que les « méchants » sont parfois tellement caricaturaux ou idiots qu’ils en deviennent sympathiques, et que le film s’avère au final plutôt très politiquement correct – ou réconciliateur – en voulant continuellement arrondir les angles.

La question qui mérite d’être soulevée dès qu’un film ayant des velléités grand public touche à ce type de thématiques est de savoir s’il ne contribue pas à véhiculer ou pérenniser des clichés sur la communauté dont il est question. Contrairement à Noces de Stefan Streker, qui abordait le thème du mariage forcé avec un point de vue très marqué culturellement, et avec un premier degré effarant de naïveté, le ton de comédie qu’adopte Cherchez la femme apparaît paradoxalement comme plus approprié, comme si la distance que demande le genre amenait une plus grande largeur de vue sur le sujet traité.

Si la question de la légitimité d’une comédie sur la radicalisation est donc évacuée, il faut donc bien se pencher sur le film en tant que tel et surtout – puisqu’il s’agit bel et bien d’une comédie – sur sa capacité à être drôle. Et c’est bien là que le bât blesse, tant le film ne dépasse jamais un humour boulevardier répétitif et souvent pesant que la mise en scène standardisée – ce « filmage » atone et linéaire d’un scénario, sans idées de cinéma, qui phagocyte la quasi-totalité de la comédie française actuelle – ne transcende bien entendu jamais.