« Un talent en or massif », ôde polie à un loser magnifique

Un talent en or massif
de Tom Gormican
Action, Comédie
Avec Nicolas Cage, Pedro Pascal, Tiffany Haddish
Sorti le 20 avril 2022

Nicolas Cage enfile ses propres habits dans Un talent en or massif et fait face à son propre mythe dans un buddy-movie méta, parfois jubilatoire mais trop convenu.

Il était une fois, Nicolas Cage. Tantôt convoité par les plus grands réalisateurs américains de Scorsese (A Tombeau Ouvert) à David Lynch (Sailor & Lula) en passant par les stars de l’action John Woo (Volte/Face) et Michael Bay (Rock), tantôt adulé/moqué pour ses performances hystériques, l’acteur enchaîne les Direct-to-Video obscurs depuis près de dix ans. Avec un rythme effréné de quatre films chaque année, le neveu de Francis Ford Coppola éponge une montagne de dettes qu’il vient tout juste, selon ses récentes déclarations, de rembourser. Quoi de plus réjouissant que d’apprendre son implication dans un film où il tient son propre rôle ? Et qui plus est, dans une mise en abyme de ses gloires et déboires.

Exercice cathartique pour son acteur, Un talent en or massif démarre en brouillant drastiquement la frontière entre réalité et fiction. Divorcé, incapable de comprendre sa fille et endetté jusqu’au cou, Nick Cage se retrouve au pied du mur. Le rôle qui va sauver sa carrière n’arrive pas et le jour où un milliardaire (Pedro Pascal) douteux mais fan absolu de lui lui propose de le rejoindre pour son anniversaire contre rémunération, il accepte. Une fois sur place, la CIA l’intercepte pour qu’il les aide à collaborer avec eux.

Prétexte à une plongée introspective, Un talent en or massif joue à fond la carte de la référence aux anciens films de son acteur principal. Difficile alors de ne pas jubiler lors de la réjouissante visite d’une salle de trophées à sa gloire, remplie d’objets et de costumes issus de sa filmographie. Sentiment partagé en le voyant confronté à son double numérique, version plus jeune de lui avec qui il interagit dans ses moments de doutes et de solitude. Moments (trop) rares où le film parvient à dépasser la citation gratuite, laissant à Cage la possibilité, certes bien contrôlée, d’offrir une réflexion sur sa carrière et d’assumer des échecs dans lesquels il avoue pourtant s’être investi à 200% par passion.

Une passion caractérisée ici par certaines fulgurances lors de scènes avec Pedro Pascal, lorsque ces deux personnages d’hommes-enfants s’embarquent dans des improvisations de séquences d’action sous drogue (ou non). Peine est alors de constater que si leur duo fonctionne, la mise en scène anecdotique de Tom Gormican (Célibataires ou Presque) ne parvient pas à élever un scénario qui s’enlise dans les poncifs du buddy-movie jusqu’à un climax fainéant au possible.

Assez vain mais pas complètement déplaisant pour autant, Un talent en or massif rassasiera les fans les plus dévoués de Nicolas Cage et laissera certainement les autres sur le banc de touche. A l’annonce d’un tel projet, on était en droit d’attendre une proposition plus jusqu’au-boutiste et insolente mais difficile néanmoins de ne pas être touché d’un certain plaisir communicatif et sincère de la part de son acteur.