Toots 100. The Sound of a Belgian Legend, portrait didactique d’un musicien emblématique

La nouvelle exposition Toots 100. The Sound of a Belgian Legend marque le 100e anniversaire du célèbre musicien bruxellois Toots Thielemans. Développée par KBR avec le Musée des Instruments de Musique (MIM), elle offre au visiteur dans une expérience auditive où l’on ressent l’authenticité mélodieuse des Marolles. Les portraits, à la fois élogieux et humoristique, de l’artiste Toots Thielemans mettent en image à sa vie folklorique. Un voyage musical bien sûr, mais également géographique, car l’évènement cartographie les concerts de l’artiste belge naturalisé américain et met en avant sa facette multiculturelle. Enveloppé dans une playlist d’ambiance, le visiteur est directement immergé dans une atmosphère jazzy.

Un parcours historique

C’est dans les salles du quartier princier de la cour qu’une triangulation scénographique se développe. Divisée en quatre parties, l’exposition Toots 100 reproduit les quatre travées de l’hémicycle du Palais Charles de Lorraine. Cet édifice, ses courbures baroques et son style classique, peuvent être admirés en parallèle à l’exposition. Les salles spacieuses et leur isolation permettent de profiter en toute tranquillité des airs musicaux et d’en saisir toutes les strates sonores. Chaque partie de l’exposition est associée à un lieu de concert, plongeant le visiteur dans une itinérance physique. Même les connaisseurs pourraient être surpris par l’éventail créatif de Toots, qui avait notamment une passion discrète pour la musique latine. Très sérieux dans son travail, mais adepte de l’auto-dérision, il n’hésite pas à conjurer le sort et à se mettre à l’harmonica pour contredire sa maladie respiratoire. Lucide sur son potentiel, il l’est aussi sur ses faiblesses. D’autres aspects insolites de son existence sont tour à tour mis en lumière, relevant la symbiose formée par son corps et ses instruments.

 

De la musique pour les érudits

Un casque est mis à disposition en début de visite. Ainsi, que l’on soit connaisseur de cet univers ou amateur, chacun peut apprécier la qualité des musiques proposées et questionner sa relation personnelle au quatrième art. Placés comme les objets d’un cabinet de curiosité, les instruments révèlent toute leur complexité structurelle, celle-ci étant mise en exergue par un éclairage adapté. On peut analyser les détails de la matière grâce à laquelle le son qu’ils produisent est aussi unique que complexe. Plusieurs harmonicas sont disposés et on observe que l’objet ne se limite pas à une architecture fixe, bien que selon l’imaginaire populaire il est parfois perçu comme un simple accompagnement sonore. Didactique, l’exposition propose un quiz qui teste la mémoire auditive du visiteur en l’invitant à deviner si les airs proposés sont composés par Toots ou par d’autres artistes. La musique est donc omniprésente et permet au spectateur de prendre conscience de l’ampleur et de la diversité des créations du compositeur.

Réflexions sonores

La mise en scène oscille entre dispositifs technologiques et traditionnels. Elle évoque le rassemblement, la création collaborative et la fête. Le dernier salon imprégné d’air latino permet d’ailleurs aux visiteurs de laisser libre cours à leurs mouvements. Le curateur précise que l’on peut y danser. Riche en rencontres, l’expérience personnelle de Toots suggère le potentiel fédérateur de la musique – qu’elle soit savante ou populaire – et l’ouverture de cet art vers des infinis possibles. Cependant, cette communauté a aussi ses limites, limites que le musicien n’a pas pu éprouver en tant qu’homme blanc privilégié. La dernière pièce est une vidéo où plusieurs jazzmen analysent les questions raciales relatives au milieu du jazz.

Les mélomanes érudits et les musiciens seront d’emblée conquis par la richesse musicale de ce parcours. Cependant, les néophytes y trouveront également leur compte, les différents mécanismes donnant les clés pour comprendre le jeu de Toots. Un hommage classique, complet et immersif à un homme à la figure attachante. L’orientation, à la fois ludique et professionnelle, donne un élan d’espoir à tous les artistes au parcours accidenté.

Infos pratiques

  • Où ? KBR, Mont des Arts 28, 1000 Bruxelles
  • Quand ? Du 22 avril au 31 août 2022, du mardi au dimanche de 10h à 17h.
  • Combien ? 15 EUR au tarif plein. Plusieurs tarifs réduits disponibles. Réserver