Tristesse animal noir à l’Atelier Théâtre Jean Vilar

De Anja Hilling, mise en scène de Georges Lini, avec France Bastoen, Nargis Benamor, Laurent Capelluto, Serge Demoulin, Itsik Elbaz, Julien Lemonnier, François Delvoye

Du 6 au 15 octobre  à 20h30 à l’Atelier Théâtre Jean Vilar

Jusqu’au 15 octobre prochain, l’Atelier Jean Vilar propose Tristesse animal noir, une pièce contemporaine au texte fort et poignant. Le spectacle a été nommé au Prix de la critique 2015-2016 dans la catégorie « meilleur comédien » pour l’interprétation d’Itsik Elbaz (dans le rôle d’Oskar) et dans la catégorie « meilleure scénographie » qu’on doit à Georges Lini. Ecrite par l’Allemande Anja Hilling, la pièce raconte dans un premier temps une banale « barbecue party » de copains citadins, plutôt bobos, en pleine forêt. Le groupe d’amis se compose de 3 couples – dont un frère et une sœur ainsi que des ex – et d’un bébé. Si les échanges sont de prime abord assez superficiels – les personnages parlent de leur rencontre, se charrient mutuellement sur leur aspect physique etc. –, la jalousie et une certaine rancœur finissent par s’immiscer dans les conversations.

La seconde partie, intitulée « Le Feu » va faire prendre à l’ensemble une tournure beaucoup plus dramatique et anxiogène. Si l’on ignore jusqu’au bout l’origine de l’incendie (une étincelle du feu de bois ? Un mégot de cigarette mal éteint ?), celui-ci débute en plein milieu de la nuit, alors que le groupe d’amis dort à la belle étoile.

Aussi inattendu qu’il ne sera dévastateur, cet incendie va tout faire basculer : désormais, les personnages sauront plus que jamais ce que veulent réellement signifier les mots « peur », « effroi » et « soif ». De ce cauchemar au cœur des flammes, l’auteure ne nous fera pas perdre une seule miette : la recherche d’une issue, les leurres que posent la nature sur leur chemin, l’épaisse fumée, la chaleur intense, l’odeur de la chair grillée et bien d’autres détails encore plus glauques les uns que les autres. Entre murs de braise et écran blanc immaculé, Georges Lini a pris le parti d’un décor neutre, presque aseptisé. Comme seul guide, la jolie voix de François Delvoye, du groupe pop folk BaliMurphy, qui remplit le rôle de guitariste-narrateur.

Accepter de perdre ses repères, au même titre que les acteurs, d’errer entre le scénario catastrophe et le rêve, la prose poétique et les répliques plus cinglantes, les mélodies d’Elvis Presley et les airs plus rock composés à la guitare électrique : voilà le beau mélange hétéroclite qu’offre Tristesse animal noir.

A propos Annabelle Duaut 17 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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