Jackson Bay de Stéphanie Blanchoud au Jean Vilar

De et mis en scène par Stéphanie Blanchoud, avec Adrien Barazzone, Piera Bellato, Philippe Jeusette, Véronique Olmi, crédit photo Yohan Jacquier

Du 21 au 25 février 2017 à 20h15 à l’Atelier Théâtre Jean Vilar

Belgo-suisse d’origine, le visage de Stéphanie Blanchoud ne vous est peut-être pas inconnu. Et pour cause, celle qui a reçu son Premier Prix d’Art Dramatique et de Déclamation au Conservatoire Royal de Bruxelles en 2003 tient le premier rôle de la série Ennemi Public, produite par la RTBF/Playtime/Entre Chien et Loup, et diffusée depuis peu en Belgique.

Jusqu’au 25 février, sa pièce Jackson Bay est à l’affiche du Théâtre Jean Vilar de Louvain-la-Neuve. Lieu de l’intrigue : l’île du Sud de la Nouvelle Zélande, « route du bout du monde ». Un site qui n’est pas étranger à la scénariste et metteuse en scène puisqu’elle y a voyagé pendant près de six semaines. Là, dans cette cuisine de camping, quatre protagonistes attendent que la tempête cesse : Jeanne (Véronique Olmi), Norman (Philippe Jeusette), Mendy (Pierra Bellato) et Fish (Adrien Barazzone). Les deux premiers sont venus ensemble pour voyager ; les deux derniers sont des baroudeurs solitaires dont les chemins se sont déjà croisés quelques jours plus tôt. Dans cette zone de passage où les vivres et les activités sont limitées, chacun essaie de tuer le temps tant bien que mal et de cohabiter autant que possible, sans interférer dans la bulle des autres, même si cela ne fonctionne pas vraiment…

Des parenthèses chorégraphiques

Dans ce huis clos où la nature a littéralement pris en otage les quatre touristes, le temps semble comme suspendu. Si l’on connaît au départ très peu d’éléments sur chacun des personnages, le temps fait finalement son effet et l’histoire se déroule petit à petit. Onapprend au fur et à mesure que chacun d’entre eux possède un événement tragique au compteur : l’un vit difficilement le deuil de son épouse, l’autre accumule les échecs amoureux, un troisième n’arrive pas à composer avec le deuil de son frère, tandis que le dernier se fait successivement abandonner par les êtres qui lui sont chers. Dans cette île du bout du monde, ils sont venus chercher un peu de calme et de répit, la solitude ou encore la paix intérieure. La mise en scène, très épurée, illustre bien cette quête de l’essentiel, du presque vital. A travers des scènes du quotidien, on observe des personnages véritablement à vif, à fleur de peau, qui finissent de temps à autres, par agir avec maladresse et emportement.

Si l’atmosphère et le silence qui planent en permanence contribuent à instaurer un climat parfois assez pesant (de par les questions du deuil et de la tristesse qui sont abordées), certains moments plus joyeux viennent heureusement égayer l’ensemble. Les parenthèses musicales imaginées par Stéphanie Blanchoud sont quant à elles de vraies bouffées d’oxygène : à la fois esthétiques, rythmées et poétiques, elles cassent véritablement ce récit parfois monotone. Des scènes oniriques qui sont le fruit d’un vrai travail chorégraphique. Quant à la lumière et au son, ils jouent eux aussi un véritable rôle à part entière dans la pièce. Le vent devient quant à lui un cinquième comédien, un être à part entière qui donne l’occasion à ces quatre âmes en errance de partager pendant plusieurs jours quelques bribes d’une vie collective.

A propos Annabelle Duaut 17 Articles
Journaliste du Suricate Magazine