Mette Ingvartsen explore diverses sexualités au Kaaistudio’s (69 positions)

Participer à une performance, de surcroît ou le sexe sera présent, n’est jamais facile mais la volonté de découverte et le défi que cela représente est souvent plus forte que l’appréhension initiale.

69 positons de Mette Ingvartsen (premier segment de l’œuvre The Red Pieces) se déroule au Kaaistudio’s, dépendance du Kaaitheater et ressemblant à un rectangle bétonné. Ce rectangle au haut plafond est aménagé comme ceci : un sol blanc et une structure métallique parsemé de panneaux blancs, eux aussi, recouverts de divers documents sur le sujet.

De sa voix douce et son anglais parfait, Ingvartsen nous accueille chaleureusement et regarde son public droit dans les yeux, son regard restant relativement mystérieux. Son spectacle sera essentiellement composé de trois parties.

La première explore les performances des années 60 où tout traite de la sexualité, de la nudité. Comme dans les vidéos ou panneaux montrés au public, l’artiste reproduit ces performances et se met à se rouler par terre, se déshabille, se rhabille, danse au milieu du public et invite les gens à onduler sur la piste. Si la performance est participative, on remarque tout de même le contraste entre le public des années 60 qui n’hésitait pas à participer à l’orgie initiée par l’artiste et celui, actuel, qui cache sa timidité par une intense expression d’observation. Cette partie se terminera par une vidéo interdite d’un performeur représentant une sorte de simulacre de viol collectif.

Dans la deuxième, Ingvartsen se place dans un coin de la salle opposé et enfile sur l’arrière du crâne, un masque au visage vieux, déformé par la douleur. Le masque ainsi placé retourne totalement la vision habituelle du corps et les contorsions de l’artiste rendent la chorégraphie vraiment étrange. Son but étant d’exprimer la plasticité de l’imagination : à partir d’un corps nu, de quelques mouvements précis ou même à l’aider d’accessoires tant matériels que sonores, on peut imaginer tout ce que l’on veut sur une personne. Et pour plonger encore plus loin dans son travail sur le sexe et la nudité dans la sphère publie, elle démarre d’autres ateliers qui amènent le public à participer : des sculptures de corps ou des simulations d’orgasmes.

Dernière partie et Ingvartsen est toujours nue. Elle s’installe derrière un bureau et entame la lecture d’un extrait d’un livre autobiographique et philosophique de Beatriz Preciado : Testo Junkie. Ce livre traite de l’ingestion de testostérone et le développement intense du désir sexuel qui s’ensuit. Ce produit donne la volonté de faire l’amour à n’importe qui et n’importe quoi. Même une lampe. Surtout une lampe. L’artiste montera d’ailleurs sur son bureau et lèchera sa lampe, ampoule comprise. Puis le bureau. Puis se mettra à poursuivre une balle métallique à travers le public ou se déchaînera de longues minutes sur une chaise, remplaçant un tierce corps.

Pour montrer que chacun de nous se doit de se réapproprier sa zone charnelle, celle délimitée par son épiderme, l’artiste nous parle et nous montre le principe de momification qui entoure le corps d’adhésif. La pièce se termine, alors, sur une tentative d’hypnose collective où Ingvartsen guide le public (qui ferme les yeux) à s’imaginer, sur fond de musique d’ambiance envoûtante et de sa voix douce, une scène à forte connotation sexuelle.

On sort de la avec une étrange sensation. Une double sensation. La première : que les a priori au sujet des performances sont justes. On a surtout l’impression de voir une hippie anachronique, qui nous fait part des étrangetés qui se déroulent dans sa tête, dans son univers personnel. Mais la deuxième est plutôt positive. Elle donne envie de réellement se questionner sur les curieuses études menées par ces « artistes performeurs ». On a presque envie de choquer à son tour, d’explorer l’infini qui se trouve dans son imagination et d’en faire part aux autres. Mais bon, ça ne dure que quelques instants.

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